lundi 6 janvier 2020

Ubik | Philip K. Dick



Résumé : 

Entre la régression du temps et l'instabilité du monde des morts, Ubik est le piège final des réalités. Dans ce roman culte qui réunit tous les thèmes de la S.F., Philip K. Dick peint le portrait d'une humanité à l'agonie, dominée par les technologie. Pour Joe Chip, le héros spécialisé dans la traque des télépathes, la paranoïa et le doute sont les seules certitudes...


Extrait : 

Les amis, tout doit disparaître !
Nous soldons la totalité de nos Ubiks électriques, silencieux, à des prix défiant toute concurrence.
Oui, nous liquidons l'ensemble de nos articles.
Et n'oubliez pas que tous les Ubiks de notre stock ont été utilisés conformément au mode d'emploi.


1


A 3 h 30 du matin la nuit du 5 juin 1992, le principal télépathe du système solaire disparut de la carte dans les bureaux de Runciter Associates à New York. Aussitôt les vidphones se mirent à sonner. La firme Runciter avait perdu la trace de trop de Psis de Hollis au cours des deux derniers mois ; cette disparition supplémentaire faisait déborder la coupe.
— Mr Runciter ? Désolé de vous déranger. (Le technicien qui était de service de nuit dans la chambre des cartes toussota nerveusement en voyant la grosse tête massive de Glen Runciter envahir l'écran du vidphone.) Un de nos neutraliseurs nous a alertés. Attendez que je regarde. (Il fouilla dans l'amas de bandes sorties du transmetteur.) C'est une femme, Miss Dorn ; comme vous le savez, elle l'avait suivi jusqu'à Green River, dans l'Utah, où...
Runciter grogna d'une voix ensommeillée :
— Qui donc ? Si vous croyez que je me souviens en permanence des neutraliseurs qui pistent tel ou tel télep ou précog. (Il passa la main dans ses cheveux gris en broussaille, pareils à de la paille de fer.) Epargnez-moi les détails et dites-moi le nom de l'employé de Hollis qui est porté manquant.
— S. Dole Melipone, dit le technicien.
— Quoi ? Melipone a disparu ? C'est une blague ?
— Hélas non, assura le technicien. Edie Dorn et deux autres neutraliseurs l'ont suivi jusqu'à un motel nommé les Liens de l'Expérience Erotique Polymorphe, une construction souterraine de soixante unités d'habitation, destinée aux hommes d'affaires et ses collègues ne pensaient pas qu'il était en activité, mais pour plus de sûreté nous avons envoyé sur place un de nos propres télépathes, Mr G. G. Ashwood, pour qu'il sonde sa pensée. Ashwood s'est heurté à un circuit de brouillage qui entourait l'esprit de Melipone ; il n'a donc rien pu faire. Il est reparti à Topeka, dans le Kansas, où il est actuellement sur les traces d'une recrue possible.
Runciter, maintenant mieux réveillé, avait allumé une cigarette ; il appuyait son menton sur sa main d'un air sombre, tandis que la fumée dérivait devant le scruteur situé de son côté du circuit bi-canaux.
— Vous êtes sûr que le télep était bien Melipone ? Apparemment personne ne connaît son aspect ; il doit changer de canevas physiognomonique tous les mois. Et son aura ?
— Nous avons demandé à Joe Chip de se rendre là-bas pour mesurer l'amplitude du champs psi émis au motel des Liens de l'Expérience Erotique Polymorphe. Chip dit que ses appareils ont enregistré, au plus haut niveau, une aura télépathique de 68,2 unités blr, chiffre que Melipone est le seul des télépathes connus à pouvoir atteindre. (Le technicien acheva :) C'est donc à ce point de la carte que nous avons fixé le signal d'identification de Melipone. Et maintenant, plus de signal.
— Vous avez regardé par terre ? Derrière la carte ?
— Plus de signal au sens électronique. L'homme qu'il représentait n'est plus sur Terre ni, autant qu'on peut en juger, sur un monde-colonie.
— Je vais consulter ma défunte femme, déclara Runciter.
— Nous sommes en pleine nuit. Les moratoriums sont fermés.
— Pas en Suisse, dit Runciter avec un sourire grimaçant, comme si un répugnant fluide nocturne avait filtré à travers sa gorge vieillie. Bonne nuit.
Runciter raccrocha.


Extrait du chapitre 1


Mon avis : 

Mon premier roman de Philip K. Dick. J'avais lu la nouvelle "We can remember it for you wholesale" l'année dernière, et je l'avais adoré ! J'avais donc bien envie de me plonger dans une oeuvre plus longue.

De manière générale c'était plutôt une bonne lecture. Malheureusement, j'ai été un chouïa déçue par la fin... C'est un sentiment assez bizarre parce que j'ai l'impression que la fin colle bien, est adéquate mais je suis sur ma faim... J'ai envie d'en savoir plus ! 

Pour autant le reste du roman est vraiment cool et intéressant. Il y a énormément de mystères et parfois on est un peu perdu, comme les personnages. C'est une sensation bizarre mais assez chouette parce qu'on peut se faire ses propres hypothèses en même temps que les personnages. Le début du roman peut d'ailleurs faire peur aux non-initiés de science-fiction, car on est propulsé dans un univers avec des technologies inconnues, des personnes avec des sortes de pouvoirs sans qu'aucune de ces choses ne nous soient expliquées. Il faut s'accrocher un peu mais je pense que ça en vaut vraiment la peine car malgré cette petite difficulté, l'histoire relève du génie.

Les personnages en eux-mêmes ne sont pas spécialement attachants mais c'est complètement voulu, pas de doute là-dessus. Le personnage principal est clairement un anti-héros, ruiné, qui se laisse aller et qui ne ressemble pas à grand chose, mais il est assez intelligent et ses réflexions sont plutôt pertinentes. 

L'histoire est assez complexe car il se passe beaucoup choses sans qu'on sache réellement ce qui se passe, on subit les changements comme les personnages. On est obligé de se laisser porter car l'imagination de Dick est bien trop prolifique pour être déjouée. C'est d'ailleurs ça qui m'avait bluffée la première fois que j'ai lu une de ses œuvres et qui m'a donc encore une fois bluffée : cette imagination sans limites où l'on ne peut que se demander comment il a pu imaginer un tel truc dans les années 70... Comment ? C'est dingue ! Le livre a cinquante ans mais pour autant est très moderne dans son écriture mais aussi dans la technologie abordée et la vision du monde proposée. Cet homme est indéniablement un génie.

Je n'hésiterais pas à me replonger dans un autre de ses romans mais je ne conseille pas nécessairement cette oeuvre comme porte d'entré dans le monde de la science-fiction.

Ma note :

15/20


Infos complémentaires :

Genre : Science-Fiction
Editions : 10/18
Traduction : Alain Dorémieux
Date de parution : 2012 (1ère parution VO : 1969)
Nombre de pages : 288

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