vendredi 28 juin 2019

Le réveil des monstres | Joseph Delaney


Tome 1 de Aberrations


Résumé : 

Le Shole, un monstrueux brouillard, a englouti des régions entières de l'Angleterre et continue son  expansion vers le nord. Ceux qui s'y trouvent piégés meurent ou sont transformés en créatures immondes : les aberrations.
Dans le duché de Lancaster, Crafty, treize ans, est l'un des rares survivants qui peut traverser ces étendues maudites. Recruté pour servir au château, il devient l'apprenti d'une mystérieuse guilde qui l'envoie effectuer des missions dans les zones dangereuses. Mais bientôt, le garçon devine que les aberrations ne représentent peut-être pas le plus grand danger...

Oseras-tu t'aventurer dans le brouillard?


Extrait : 

Dans la cave envahie peu à peu par l'obscurité, Crafty écoutait les chuchotements montant des tombes de ses frères.
Assis devant la table à trois pieds, tandis que les ombres glissaient lentement vers lui, il ne quittait pas des yeux un haut placard, étroit et branlant, qui se serait effondré s'il n'avait été soutenu par le mur du fond. Il avait servi autrefois de garde-manger. A présent, il était vide.
Crafty l'avait vérifié à intervalles réguliers. Mais à chaque fois qu'il avait tiré sur les portes de bois, qui grinçaient sur leurs gonds rouillés, il n'y avait rien derrière. Le garçon avait fini par laisser les battants ouverts, c'était plus simple. Néanmoins, il savait que le placard ne se remplirait plus. Le sort de transfert qui convoyait des objets sur une longue distance avait cessé de fonctionner. La magie des Fey ne résistait pas longtemps, dans le Shole. Celle qui y régnait était trop malfaisante.
A la pensée de ce qui se tenait à l'extérieur, Crafty frissonna. Puis son estomac gronde ; il avait faim. Jusqu'alors, il avait pu se réchauffer au feu qui repoussait un peu le froid et l'humidité. Il n'en restait plus que des braises : les derniers morceaux des lits de ses frères avaient brûlé.


Extrait du chapitre 1 "La cave"


Mon avis : 

Très bonne surprise avec ce premier tome d'une nouvelle saga de l'auteur de L'épouvanteur. En effet, j'avais un peu peur en me lançant dans cette nouvelle saga, car je n'arrivais plus du tout à lire L'épouvanteur à cause de l'énervement que me procurait les personnages de cette série. 

Ici pas de problème avec les personnages, j'espère que ça restera comme ça dans les futurs tomes. Apparemment il ne faut pas trop s'attacher aux personnages secondaires, ils peuvent mourir facilement... Mais ils sont rapidement remplacés par d'autres tout aussi sympa (ou pas d'ailleurs). J'ai beaucoup aimé les personnages de Mlle Crompton-Smythe qui cache bien son jeu au début mais qui va se révéler très intéressante, et aussi le personnage du prince qui est d'une grande sagesse et très impliqué dans la lutte contre le Shole et son expansion dont le royaume avait grandement besoin. Le personnage principal, Crafty est sympa mais c'est pas mon préféré, j'attend d'en apprendre plus sur lui et son histoire familiale, qui semble être plutôt intéressante. 

J'ai beaucoup aimé l'ambiance sombre et les nombreuses bestioles qu'on découvre dans le Shole. Ça rentrait parfaitement dans le thème du mois de juin pour le Hold my SFFF Challenge qui n'était autre que "Monstres et créatures". J'ai aussi bien aimé les mystères et les intrigues autour de potentiels méchants, de sectes et que les apprentis (personnages principaux comme secondaires) galèrent à se faire entendre de leurs supérieurs dans cette sombre histoire de trahison de la couronne. 

C'est clairement le genre de livre qui peut se lire en une journée: c'est fluide, c'est du jeunesse, c'est sans prise de tête, bref simple et efficace. C'est vraiment une lecture très agréable et rapide, parfaite pour l'été! C'est un bon jeunesse pour commencer à avoir ses premiers frissons d'horreur en lecture !


Ma note :

16/20


Infos complémentaires :

Genre : Jeunesse, Fantasy
Editions : Bayard (Jeunesse)
Traduction : Marie-Hélène Delval
Date de parution : 2019
Nombre de pages : 352

jeudi 27 juin 2019

Amelia Fang and the Unicorn Lords | Laura Ellen Anderson


Tome 2 de Amelia Fang


Résumé : 

Meet Amelia Fang: a sparkly little vampire in a dark and gloomy world...

Amelia and her friends must venture beyond Nocturnia to the Kingdom of the Light, to rescue Queen Fairyweather.

But with terrifying angel-kittens and unicors lurking behind every rainbow, who can they trust ? And will they uncover the true villain plotting to take over their world?

Voici une traduction personnelle du résumé ci-dessus :

Faites la rencontre d'Amélia Fang : une éclatante petite vampirette dans un monde sombre et lugubre...

Amélia et ses amis doivent s'aventurer en dehors de Nocturnia vers le Royaume de la Lumière pour sauver la Reine Fairyweather.

Mais avec des anges-chats terrifiants et des licornes qui rôdent derrière chaque arc-en-ciel, à qui peuvent-ils faire confiance ? Vont-ils réussir à démasquer le vrai méchant qui complote pour prendre le contrôle de leur monde?


Extrait : 

SQUEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ! squeeed the pumpkin alarm clock at first light.
Amelia Fang stretched and scrambled out of her coffin. Her pet pumpkin Squashy was bouncing around licking everyone excitedly.
"Oh Squashy," Amelia said through a yawn, "how are you so wide awake?"
"SQUISH EVERYTHING!" moaned Florence Spudwick, rolling over. Florence was a huge, rare breed yeti, not to be confused with a beast. She was also one of Amelia's best friends.
"It can't be time already?" Grimaldi groaned, pulling his hood over his face.  Grimaldi Reaperton was Death himself. But until he was older, he only dealt with the deaths of small creatures in Nocturnia, leaving the bigger creatures to his grimpapa.
It was the Halloween holidays and the sun had risen in the Kingdom of the Dark, which meant that every creature in Nocturnia and the scary suburbs would be going to bed - apart from Ameia Fang and her friends. They were about to embark on a very big quest to the Kingdom of Light.
"FLORENCE!" said Prince Tangine La Floofle the First, clapping his hands twice. "I demand breakfast!"
"DON'T CLAP ME!" said Florence, clenching her big hairy fists.
"Tangine," Amelia said with a sigh, "remember what we discussed. Try no to be so bossy."
"I keep forgetting," said Tangine sheepishly. "Can't I be a leeeettle bit bossy?"
"No!" Amelia laughed. "We're your friends."
"Maids." Tangine smiled.

Voici une traduction personnelle de l'extrait ci-dessus :

BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIP ! Sonna le réveil-citrouille aux premières lumières du jour. 
Amélia Fang s’étira et sortit de son cercueil. Sa citrouille de compagnie, Squashy sautillait de droite à gauche  surexcitée et donnant des coups de langues à tout le monde. 
« Oh Squashy » dit Amélia en baillant, « comment fais-tu pour être déjà si réveillée ? »
« ECRASEZ TOUT ! » gémit Florence Spudwick en se retournant. Florence faisait partie d’une espèce rare de yéti immense, à ne pas confondre avec une bête. C’était aussi l’une des meilleurs amis d’Amélia.
« Ca peut pas déjà être l’heure quand même ? » râla Grimali, rabattant sa capuche sur son visage. Grimaldi Reaperton était la Mort elle-même. Mais jusqu’à ce qu’il soit plus âgé, il s’occupait exclusivement des morts des petites créatures de Nocturnia, laissant les plus grosses à son papasombre.
C’était les vacances d’Halloween et le soleil c’était levé dans le Royaume des Ténèbres, ce qui signifiait que toutes les créatures de Nocturnia et des terrifiantes banlieues environnantes allaient aller se coucher – sauf Amélia et ses amis. Ils s’apprêtaient à s’embarquer dans une très grande quête au Royaume des Lumières.
« FLORENCE ! » dit Prince Tangine La Floofle premier du nom, tapa dans ses mains deux fois. « J’exige qu’on serve le petit déjeuner. »
« NE TAPE PAS DANS TES MAINS POUR ME DONNER UN ORDRE » s’énerva Florence en serrant ses gros poings poilus.
« Tangine, » dit Amélia dans un soupir, « Souviens toi de ce qu’on a dit. Essaye de ne pas être trop autoritaire. »
« J’arrête pas d’oublier » répondit Tangine tout penaud. « Je peux pas être un touuuut p’tit peu autoritaire ? »
« Non ! » dit Amélia en riant. « On est tes amis. »
« Servants. » répondit Tangine dans un sourire. 

Extrait du chapitre 1 "Why do I 'ave to be the unicorn?"


Mon avis : 

Rhooo je suis un tout petit peu triste parce qu'il est un peu moins bien que le premier à mon goût... Il est un peu plus plat et moins drôle. Micro déception...
C'est asseze étonnant car il me semble que plus de choses se passent dans ce second tome mais c'est moins bien mené que dans le premier.

Il me laisse un souvenir moins magique et impérissable. Je pense que c'est notamment dû au fait que ce tome a vocation à être une enquête qui malheureusement est un peu trop facile... Je pense même que les jeunes lecteurs vont trouver les coupables/méchants avant le dénouement final... 

Par contre, les illustrations sont toujours aussi chouettes et j'ai complètement fondu devant la mignonnitude de Squashy la petite citrouille de compagnie déguisée en pâquerette. 

La critique peut paraître un peu négative mais au final on passe quand même un bon moment (mais moins bon qu'avec le premier). Je pense néanmoins qu'il plairait beaucoup aux jeunes lecteurs (6-9 ans), mais moins aux adultes.


Ma note :

15/20


Infos complémentaires :

Genre : Jeunesse, Fantastique
Editions : Egmont
Date de parution : 2018
Nombre de pages : 220

Ce roman est disponible en français aux éditions Casterman sous le titre de Amélia Fang et les seigneurs licornes, traduit par Valérie Le Plouhinec en 2019.

lundi 24 juin 2019

Circe | Madeline Miller




Résumé :

In the house of Helios, god of the sun and mightiest of the Titans, a daughter is born. But Circe is a strange child—not powerful, like her father, nor viciously alluring like her mother. Turning to the world of mortals for companionship, she discovers that she does possess power—the power of witchcraft, which can transform rivals into monsters and menace the gods themselves.
Threatened, Zeus banishes her to a deserted island, where she hones her occult craft, tames wild beasts and crosses paths with many of the most famous figures in all of mythology, including the Minotaur, Daedalus and his doomed son Icarus, the murderous Medea, and, of course, wily Odysseus.
But there is danger, too, for a woman who stands alone, and Circe unwittingly draws the wrath of both men and gods, ultimately finding herself pitted against one of the most terrifying and vengeful of the Olympians. To protect what she loves most, Circe must summon all her strength and choose, once and for all, whether she belongs with the gods she is born from, or the mortals she has come to love.


Voici une traduction personnelle du résumé ci-dessus :

Dans la maison d'Hélios, dieu du soleil et le plus puissant des Titans, une fille est née. Mais Circé est une enfant étrange - elle ne possède ni la puissance de son père, ni la dangereuse beauté de sa mère. Se tournant vers le monde des mortels afin de trouver un peu de compagnie, elle découvre qu'elle possède finalement un pouvoir - la sorcellerie, celle qui peut transformer des rivales en monstres, celle qui menace même les dieux.
Se sentant menacé, Zeus bannit Circé sur une île déserte, où elle cultive son don occulte, apprivoise des animaux sauvages et croise le chemin des figures les plus connues de la mythologie, comme notamment le Minotaure, Dédale et son fils maudit Icare, la meurtrière Médée, et bien entendu, l'habile Ulysse.
Mais le danger existe aussi pour une femme seule contre tous, et Circé s'attire involontairement les foudres des dieux mais aussi celles des hommes, se retrouvant opposée à l'un des plus terrifiants Olympiens mais aussi l'un des plus vengeurs. Pour protéger ce qu'elle a de plus cher, Circé doit rassembler ses forces et choisir, une fois pour toutes, si elle appartient au monde des dieux où elle est née, ou celui des mortels qu'elle a appris à aimer.




Extrait : 

When I was born, the name for what I was did not exist. They called me nymph, assuming I would be like my mother and aunts and thousand cousins. Least of the lesser goddesses, our powers were so modest they could scarcely ensure our eternities. We spoke to fish and nurtured flowers, coaxed drops from the clouds or salt from the waves. That word, nymph, paced out the length and breadth of our futures. In our language, it means not just goddess, but bride.
My mother was one of them, a naiad, guardian of fountains and streams. She caught my father’s eye when he came to visit the halls of her own father, Oceanos. Helios and Oceanos were often at each other’s tables in those days. They were cousins, and equal in age, though they did not look it. My father glowed bright as just-forged bronze, while Oceanos had been born with rheumy eyes and a white beard to his lap. Yet they were both Titans, and preferred each other’s company to those new-squeaking gods upon Olympus who had not seen the making of the world. Oceanos’ palace was a great wonder, set deep in the earth’s rock. Its high-arched halls were gilded, the stone floors smoothed by centuries of divine feet. Through every room ran the faint sound of Oceanos’ river, source of the world’s fresh waters, so dark you could not tell where it ended and the rock-bed began. On its banks grew grass and soft gray flowers, and also the unnumbered children of Oceanos, naiads and nymphs and river-gods. Otter-sleek, laughing, their faces bright against the dusky air, they passed golden goblets among themselves and wrestled, playing games of love. In their midst, outshining all that lily beauty, sat my mother.
Her hair was a warm brown, each strand so lustrous it seemed lit from within. She would have felt my father’s gaze, hot as gusts from a bonfire. I see her arrange her dress so it drapes just so over her shoulders. I see her dab her fingers, glinting, in the water. I have seen her do a thousand such tricks a thousand times. My father always fell for them. He believed the world’s natural order was to please him.
“Who is that?” my father said to Oceanos.
Oceanos had many golden-eyed grandchildren from my father already, and was glad to think of more. “My daughter Perse. She is yours if you want her.”
The next day, my father found her by her fountain-pool in the upper world. It was a beautiful place, crowded with fat-headed narcissus, woven over with oak branches. There was no muck, no slimy frogs, only clean, round stones giving way to grass. Even my father, who cared nothing for the subtleties of nymph arts, admired it.
My mother knew he was coming. Frail she was, but crafty, with a mind like a spike-toothed eel. She saw where the path to power lay for such as her, and it was not in bastards and riverbank tumbles. When he stood before her, arrayed in his glory, she laughed at him. Lie with you? Why should I?
My father, of course, might have taken what he wanted. But Helios flattered himself that all women went eager to his bed, slave girls and divinities alike. His altars smoked with the proof, offerings from big-bellied mothers and happy by-blows.
“It is marriage,” she said to him, “or nothing. And if it is marriage, be sure: you may have what girls you like in the field, but you will bring none home, for only I will hold sway in your halls.”
Conditions, constrainment. These were novelties to my father, and gods love nothing more than novelty.





Voici une traduction personnelle de l'extrait ci-dessus :

Lorsque je suis née, le nom pour désigner ce que j'étais n'existait pas. Ils m'ont appelée nymphe, supposant que je serais comme ma mère, mes tantes et mes centaines de cousines. Encore plus inutile que la petite des déesses, nos pouvoirs étaient si modestes qu'ils pouvaient à peine assurer notre éternité. Nous parlions aux poissons et soignions les fleurs, amadouions les gouttes de pluie des nuages et le sel des vagues. Ce mot, nymphe, rythmait la durée et l'ampleur de notre futur. Dans notre langue, il ne veut pas simplement dire déesse mais aussi mariée. Ma mère était l'une d'elle, une Naïade, gardienne des fontaines et des cours d'eau. Elle avait attiré l'attention de mon père quand il était venu visiter la demeure de mon grand-père, le père de ma mère, Océan. Hélios et Océan se trouvaient souvent à la table l'un de l'autre à cette époque. Ils étaient cousins et avaient le même âge, même si cela ne paraissait pas être le cas. Mon père brillait de milles feux comme du bronze fraîchement forgé, alors qu'Océan était né avec des yeux chassieux et une barbe blanche qui lui arrivait aux genoux. Cependant ils étaient tous deux des Titans, et préféraient leur propre compagnie plutôt que celle de ces nouveaux dieux couinant sur le Mont Olympe, qui n'avaient même pas vu la création du monde. Le palace d'Océan était une véritable merveille, enfoui profondément dans la roche de la Terre. Ses immenses salles voûtées étaient dorées, les sols en pierre polis par des siècles de pieds divins. Dans chaque pièce courait le bruit léger de la rivière d'Océan, la source de toute l'eau douce sur Terre, si sombre que l'on ne peut savoir où elle se termine et où commence le lit de pierre. Sur ses rives poussent de l'herbe ainsi que de délicates fleurs grises mais aussi les innombrables enfants d'Océan: Naïades, Nymphes et Dieux des rivières. Avec l'élégance des loutres, riant, leurs visages lumineux en comparaison à l'air sombre qui les entourait, ils faisaient circuler des coupes en or parmi eux et se battaient, jouant à des jeux d'amour. Et en leur sein, éclipsant toute leur beauté, se tenait ma mère.
Ses cheveux étaient d'un brun chaud, chaque mèche, si chatoyante, donnait l'illusions que sa chevelure était éclairée de l'intérieur. Elle aurait senti le regard de mon père, aussi chaud que les bouffées de chaleur libérées par un feu de joie. Je la vois, arrangeant sa robe pour qu'elle se pose juste sur ses épaules. Je la vois, frôlant l'eau de ses doigts étincelants. Je l'ai vue faire des milliers de fois ce genre de tours. Mon père tombait toujours dans le panneau. Il était persuadé que l'ordre naturel du monde était fait pour lui plaire. 
"Qui est-ce?" demande mon père à Océan.
Océan avait déjà de nombreux petits-enfants aux yeux d'or grâce à mon père, et l'idée d'en avoir plus le séduisait. "Ma fille, Persé. Elle est à toi si tu la veux."
Le lendemain, mon père la trouva près de sa fontaine dans le monde supérieur. C'était un endroit magnifique, plein de larges narcisses, surplombé par des branches de chênes. Il n'y avait pas de boue ni aucune grenouille gluantes, seulement des pierres propres et rondes laissant place à de l'herbe. Même mon père, qui ne s'intéressait pas le moins du monde aux subtilités de l'art des nymphes, admirait ce lieu.
Ma mère savait qu'il venait. Elle était frêle, mais habile de ses mains et son esprit était aussi perçant que les dents aiguisées d'une anguille. Elle voyait bien où le chemin du pouvoir pouvait mener quelqu'un comme elle, et ce n'était pas aux côtés de bâtards ou sur les berges d'une rivière. Lorsqu'il se tint devant elle, enveloppé dans sa gloire, elle lui rit au nez. "Couchez avec vous? Pourquoi ferais-je cela?"
Mon père, bien sûr, aurait pu prendre ce qu'il voulait. Mais Hélios se targuait que chaque femme voulait sincèrement venir dans son lit, qu'elle soit une esclave ou une divinité. Ses autels en témoignaient bien, avec des offrandes de la part de femmes aux ventres bien ronds et d'heureux enfants illégitimes.
"Si vous me voulez, vous m'épouserez, sinon, c'est un non." dit-elle. "Et si vous m'épousez, bien sûr, vous pourrez avoir toutes les filles que vous souhaiterez sur vos terres, mais vous n'en ramènerez aucune à la maison, moi seule aurais l'emprise en ses murs."
Des conditions, des limites. C'étaient des choses nouvelles pour mon père, et les dieux n'apprécient rien de plus fort que la nouveauté.

Extrait de Chapter 1 (Chapitre 1)


Mon avis : 

J'ai lu ce livre fin 2018 mais je souhaitais quand même vous en parler parce que c'était super ! J'ai adoré lire la vie de Circé. Je ne connaissais rien sur ce personnage mythologique et c'était du coup très enrichissant pour mes quelques connaissances de la mythologie gréco-romaine. 

Le personnage de Circé est vraiment cool et badass ! Elle ne se laisse pas faire et fait de ses pouvoirs qui terrorisent tout le monde une vraie force afin de se créer un petit coin idyllique alors qu'elle est bannie et vouée à vivre seule sur son île. J'ai aimé rencontré les autres personnages qui sont passés sur l'île et dans la vie de Circé. J'ai aussi beaucoup aimé le fait qu'elle n'arrive pas à s'identifier aux valeurs des autres dieux : elle n'est pas cruelle et elle finit par sembler plus humaine que divine, c'est pourquoi il est très facile de s'attacher à son personnage.

Point positif de l'oeuvre, elle déborde de féminisme. Circé se bat pour sa liberté et la reconnaissance de son talent, et elle ne s'écrase pas devant les hommes, elle est leur égal.

C'est, selon moi, une lecture qu'il faut savourer, lire en douceur pour en apprécier toutes les qualités : c'est très bien écrit, c'est violent et doux à la fois. Violent dans ce qui arrive à Circé, doux dans les mots et la prose. On est porté par le récit au fil des pages, entre indignation et admiration selon les événements. 

C'était vraiment une bonne lecture et je pense m'essayer au premier roman de Madeline Miller dès que j'en aurais l'occasion. Je vous le conseille vivement 


Ma note :

17/20


Infos complémentaires :

Genre : Fantasy, Mythologie
Editions : Bloomsbury
Date de parution : 2018
Nombre de pages : 378

Ce livre est disponible en version française aux éditions Rue Fromentin et aux éditions Pocket, traduit par Christine Auché.

dimanche 23 juin 2019

Bilan Mai 2019

Et c'est l'heure du bilan de mai !(même si on est presque à la fin du mois de juin... ). C'est un bilan un peu plus glorieux que les précédents car, même si je n'ai lu que 4 livres, il y avait une grosse brique donc en terme de pages lues on est pas mal. C'était un bon mois de lecture, aucune déception !


En premier j'ai fini After the fire de Will Hill. J'ai mis un peu de temps à le finir mais c'était vraiment une super lecture. J'ai vraiment aimé toute l'intrigue qu'on découvre au fur et à mesure des séances de psy de Moonbeam. C'est une lecture extrêmement poignante et glaçante de vérité. C'est, selon moi, très bien écrit, car les émotions sont très bien décrites et le lecteur peut facilement s'en imprégner. Les personnages sont vraiment intéressants de par leurs histoires personnelles. Et j'ai vraiment apprécié que les adultes ne soient pas mis à l'écart ni dépeints comme inutile (comme c'est parfois le cas dans le young adult), mais qu'ils aident réellement à l'insertion de ces jeunes dans ce monde qu'ils n'ont jamais connu à cause de la secte dans laquelle ils ont grandi. 
Ma note : 17/20


J'ai enchaîné avec une fin de saga: le tome 3 des Mystères de Larispem: L'élixir ultime écrit par la talentueuse Lucie Pierrat-Pajot révélée par le concours de premier roman jeunesse de Gallimard. Quelle tristesse pour moi de finir cette saga et de ne plus suivre les aventures de nos trois héros: Carmine, Liberté et Nathanaël... Le roman comporte pas de l'action mais un peu moins que les deux premiers... C'est pourquoi, il est, selon moi, un tout petit peu en dessous des deux autres. De plus, je préfère quand les trois personnages principaux sont réunis, plutôt que chacun dans leur coin. Malgré tout, il conclut bien la saga. J'ai plutôt hâte de lire les prochains écrits de Lucie Pierrat-Pajot.
Ma note : 16/20


J'ai ensuite eu le bonheur de lire pour la première fois le tome 6 d'Harry Potter: le prince de sang mêlé de J. K. Rowling (ai-je encore besoin de la citer ? pas sûre...). Et on va pas se mentir, c'était une bien chouette lecture. Ça a beau être une brique, il se dévore ! J'adore l'univers, j'adore l'intrigue, mais mini hic avec certains personnages qui m'ont un peu énervé, notamment Ron et un peu Harry quand même... Rogue, Hermione, Dumbledore et Hagrid par contre sont toujours mes préférés, je trouve qu'ils ont soit plus de nuances soit transmettent plus d'émotions ! J'ai beaucoup ri qaund j'ai vu que J. K. Rowling se foutait gentiment de la gueule des français parlant anglais : un bonheur! J'ai bien hâte de lire le dernier. Et bien sûr, je ne crois pas qu'on ai besoin de conseiller encore cette saga absolument magique.
Ma note : 17/20


Et enfin, j'ai terminé ce beau mois de lecture par Les chroniques de l'archipel, T1: Le trésor des Okalus par Geoff Rodkey. Je n'attendais absolument rien de ce roman et, franchement, c'était pas mal du tout. L'histoire est sympa, il y a pas mal d'actions et ça se lit bien et rapidement. Les personnages n'ont rien d'exceptionnels mais j'ai quand même bien aimé les personnages secondaires de Tripoux et Quint. Petit point négatif pour moi, je trouve qu'il y a un peu trop de violence sans aucune raison... notamment par rapport à Egbert qui en prend vraiment plein la gueule, pour rien. C'est, dans l'ensemble, un roman au schéma assez classique mais c'est plaisant quand même et je lirai la suite sans problème !
Ma note : 15/20

Et voilà c'est tout pour ce mois de mai. je suis bien contente d'arriver à lire plus que les mois précédents, ça me fait beaucoup de bien ! 

lundi 17 juin 2019

Bilan mois de la Fantasy 2019

Alors, alors, alors ... mieux vaut tard que jamais: c'est donc l'heure du bilan du mois de la Fantasy !

Les consignes à remplir étaient les suivantes:

1 - Un roman avec des animaux fantastiques (licorne, dragon...)
2 - Un roman d'une autrice
3 - Un roman adapté (film, série, BD...)
4 - Un tome d'une saga
5 - Un roman Francophone
6 - Un roman choisi par quelqu'un d'autre
7 - Lire un pavé (au moins 500 pages)
8 - Un livre avec du bleu sur la couverture
9 - Une relique de ta PAL
10 - Le dernier roman fantasy qui est arrivé dans ta PAL

Et j'avais donc prévu une petite PAL que vous pouvez retrouver ici.

Et au final, j'ai lu : 
- Les mystères de Larispem T3, de Lucie Pierrat-Pajot qui m'a permit de valider les consignes 2, 4, 5 et 8.
- Harry Potter T6, de J. K. Rowling qui m'a permit de valider les consignes 1, 2, 3, 4, 7, 8 et 9.
- et enfin, Les chroniques de l'archipel T1, de Geoff Rodkey qui m'a permit de valider les consignes 4 et 8.

Vous pouvez retrouver les chroniques des livres en cliquant sur leur couverture: 

  


Et par conséquent je n'ai pas réussi à remplir les consignes 6 et 10.

C'était encore un chouette mois de la fantasy et j'ai beaucoup aimé découvrir de nouveaux titres et échanger avec les participants sur le groupe facebook !


Le trésor des Okalus | Geoff Rodkey


Tome 1 des Chroniques de l'archipel


Résumé : 

Dans l'archipel de Maw, paradis des plus cruels pirates, on tue pour une pièce d'or. Mais pourquoi en vouloir à Egbert, qui ne possède rien ? S'il veut sauver sa peau, le garçon doit comprendre... Pourquoi sa famille a-t-elle disparu ? Qu'avait découvert son père qui semble attiser toutes les convoitises ? Serait-ce lié au légendaire trésor des Okalus, premiers habitants des îles, aujourd'hui presque disparus ?
Aux côtés de Millicent, ravissante fille d'un horrible homme d'affaires, et de Tripoux, un sauvageon roublard, Egbert quitte son île natale pour la Grande Aventure.
A la découverte des mystères de l'archipel de Maw !


Extrait : 

Personne ne vivait sur l'île de Temps-Mort, à part les pirates et nous. Et pour cause : d'abord, la canicule régnait d'octobre à août - une chaleur moite et étouffante -, interrompue seulement en septembre par la saison des ouragans. Ensuite, il y avait le volcan. Il n'était pas entré en éruption depuis des lustres, mais sa fumée noire et ses secousses achevaient de décourager les visiteurs les plus téméraires. Pourquoi, moi, ne le craignais-je pas? Sans doute parce que j'vais grandi sur les flancs de son immense cratère et que j'étais habitué à ses turbulences.
Quand aux pirates, il y en avait deux sortes : les normaux, qui traînaient à Port-Lagriffe et passaient leur temps à se soûler et à s'entretuer ; et les éclopés, ceux qui avaient perdu tellement de parties d'eux-mêmes qu'ils ne pouvaient plus participer au moindre combat. La plupart partait chaque matin, clopin-clopant, travailler dans la plantation de mon père. Le reste du temps, ils zonaient de taverne en taverne.
Combien papa les payait-il ? Pas grand-chose, à mon avis, puisque nous n'étions nous-même pas riches. Mais sans doute juste assez pour qu'ils ne viennent pas nous zigouiller en pleine nuit. Tous logeaient dans des baraquements et, la journée, trimaient au verger - tous sauf Quint, le cuistot, qui préparait les repas et réalisait quelques travaux de couture.
Avec la plantation, papa était débordé. Alors il laissait toutes les tâches ménagères à ses enfants, c'est-à-dire moi, Vénus et Adonis. En tant que benjamin, j'étais le souffre-douleur de mon frère. J'avais beau me défendre, nous avions trois ans de différence et il n'avait aucun mal à  me mettre raclée sur raclée. Ça ne se terminait jamais bien pour moi - surtout que, âgé de quinze ans, Adonis avait une carrure d'athlète et était aussi large d'épaules que papa. Heureusement, il était aussi plus lourd et plus maladroit que moi d'où ma nouvelle technique pour lui échapper : courir me réfugier dans un arbre du verger. Adonis savait que papa le massacrerait s'il en cassait la moindre branche. Du coup, il se plantait au pied du tronc et, le poing brandi, jurait qu'il m'attendrait là jusqu'à ce que je sois forcé de descendre. Sauf qu'il se lassait toujours le premier.

Extrait du chapitre 1 : Temps-Mort


Mon avis : 

J'ai trouvé ce livre par hasard chez Emmaüs et c'était l'un des rares livres jeunesse donc je suis repartie avec. J'ai l'impression que très peu de personnes ont lu ce livre (enfin sur Livraddict en tout cas). Et pourtant c'est pas une mauvaise lecture. Il y a quelques points négatifs selon moi mais l'ensemble est agréable et se lit vite. 

Ce qui m'a le plus dérangé dans cette lecture, c'est la quantité de violence gratuite que se prend Egbert dans la gueule... Ses frères et sœurs sont détestables et il est vraiment vu comme un horrible monstre par le reste de sa famille pour ce qu'il a "fait" (aka rien de mal). Mais ce ne sont pas les seuls à le violenter ! Tout le monde autour de lui, excepté Milicent, se comporte mal avec lui... Ça m'a un peu dérangé de voir autant de violence non-justifiée (non pas que la violence justifiée soit tolérable hein...).

Par contre, l'histoire est vraiment sympa avec pas mal d'actions et beaucoup de rebondissements. J'ai lu quelques avis qui disaient qu'on les voyait venir, et bien pas pour moi ! Je n'ai pas particulièrement cherché à deviner les éléments qui devaient se mettre en place, je me suis juste laissée porter par l'histoire. Alors oui, on peut deviner quelques éléments mais ce n'est vraiment pas déranger et je pense qu'un enfant ne les devinera pas nécessairement.

Les personnages sont pas des plus attachants ni des plus attrayants et développés mais ils sont plutôt drôles. J'avoue avoir une préférence pour Tripoux, l'ami pirate d'Egbert et pour Quint le cuistot de l'île de Temps-Mort qui sont selon moi les plus cools. 

L'histoire reste somme toute assez classique mais c'est un sympathique roman d'aventure ! Bref simple mais relativement efficace et je lirai la suite avec plaisir!



Ma note :

15/20


Infos complémentaires :

Genre : Jeunesse, Fantasy
Editions : Seuil (Jeunesse)
Traduction : Rosalind Elland-Goldsmith
Date de parution : 2013
Nombre de pages : 372

vendredi 14 juin 2019

Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé | J. K. Rowling


Tome 6 de Harry Potter


Résumé : 

Dans un monde de plus en plus inquiétant, Harry se prépare à retrouver Ron et Hermione. Bientôt, ce sera la rentrée à Poudlard avec les autres étudiants de sixième année. Mais pourquoi Dumbledore vient-il en personne chercher Harry chez les Dursley? Dans quels extraordinaires voyages au coeur de la mémoire va-t-il l'entraîner?


Extrait : 

Il était près de minuit et le Premier Ministre, assis seul dans son bureau, lisait un long rapport dont les mots lui traversaient l'esprit sans qu'il parvienne à en saisir le moindre sens. Il attendait un coup de téléphone du président d'un pays lointain en se demandant à quel moment ce satané personnage allait enfin l'appeler; si on ajoutait à cela la longue semaine épuisante et difficile qu'il venait de passer, il ne restait plus guère de place dans sa tête pour songer à autre chose. Il avait beau essayer de se concentrer sur la page qu'il lisait, il ne pouvait s'empêcher de voir surgir devant ses yeux les visages réjouis de ses adversaires politiques. L'un d'eux en particulier était passé au journal télévisé le soir même, non seulement pour énumérer tous les événements tragiques qui s'étaient produits au cours de la semaine (comme s'il était nécessaire de les rappeler à qui que ce soit) mais également pour expliquer en quoi le gouvernement était entièrement responsable de chacun d'eux. 
Le rythme cardiaque du Premier Ministre s'accéléra à la seule pensée de ces accusations, injustes et fausses. Comment son gouvernement aurait-il pu empêcher ce pont de s'écrouler? Il était scandaleux d'entendre quelqu'un suggérer que les pouvoirs publics ne dépensaient pas assez d'argent pour l'entretien des ponts. Celui-ci avait été construits moins de dix ans auparavant et les meilleurs experts s'étaient révélés incapables d'expliquer pourquoi il s'était tout à coup cassé en deux, précipitant une douzaine de voitures dans les profondeurs de la rivière qu'il enjambait. Et comment pouvait-on insinuer que ces deux crimes atroces dont la presse avait abondamment parlé étaient la conséquence d'un manque d'effectifs de la police? Ou que le gouvernement aurait dû être capable de prévoir l'ouragan exceptionnel qui s'était abattu sur le sud-ouest du pays et avait provoqué tant de dommages matériels et humains? Enfin, était-ce sa faute si l'un de ses secrétaires d'Etat, Herbert Chorley, avait choisi cette même semaine pour se comporter si étrangement qu'il aurait désormais beaucoup plus de temps à consacrer à sa famille?
"Une atmosphère sinistre s'est répandue dans le pays", avait conclu son adversaire en parvenant difficilement à masquer son large sourire.
Malheureusement, c'était la pure vérité. Le Premier Ministre le ressentait lui-même; les gens semblaient manifestement plus abattus qu'à l'ordinaire. Le temps lui-même était déprimant; cette brume glacée en plein mois de juillet... quelque chose n'allait pas, ce n'était pas normal.



Extrait du chapitre 1 L'autre ministre


Mon avis : 

Quel bonheur que de retrouver ces personnages et cet univers... Même si je suis plutôt une grande lectrice, c'est la première fois que je lis les Harry Potter. Par contre, j'ai vu les films des centaines de fois. Et justement, le sixième film est mon préféré, donc j'avais hâte de le lire! Et franchement je n'ai pas été déçue. 

Hormis Ronron d'amour qui nous casse les bonbons et qui est affreusement désagréable avec Hermione notamment (oui j'ai levé plusieurs fois les yeux au ciel et oui, j'avais envie de le gifler pour lui remettre les idées en place), les autres personnages sont vraiment chouettes. Bon, Harry aussi est un peu lourd à mon goût par rapport à Ginny... Il répète quinze fois qu'il veut la pécho... c'est un peu trop. J'ai beaucoup aimé qu'on voit beaucoup plus Dumbledore dans ce tome et les machinations de Malfoy (et de Rogue un peu...).

J'adore le fait que J. K. Rowling ait assombri ses romans au fur et à mesures que son public grandissait.

J'ai aussi beaucoup ri quand j'ai vu que J. K. Rowling se foutait gentiment de la gueule des français, incapables de prononcer le "h" en anglais, avec le personnage de Fleur Delacour. 

Le bouquin a beau faire plus de 700 pages, il se dévore ! On ne voit vraiment pas les pages défiler et c'est si agréable d'être porté ainsi !
La fin, même si je la connaissais, m'a brisé le coeur... (SPOILER: encore plus quand on sait qu'il s'est affaibli pour rien en buvant cette potion pour le faux horcrux...)

Je trouve que J. K. Rowling a un don pour nous donner envie de redonner dans son univers, c'est fou: on vient de lire une brique de 700 pages et on a envie d'y retourner dès qu'on l'a refermé !

Je ne sais pas si c'est mon préféré de la saga (j'attends d'avoir lu le dernier) mais c'est définitivement une très bonne lecture !


Ma note :

17/20


Infos complémentaires :

Genre : Jeunesse, Fantasy
Editions : Gallimard (Jeunesse)
Traduction : Jean-François Ménard
Date de parution : 2005
Nombre de pages : 715

jeudi 13 juin 2019

L'élixir ultime | Lucie Pierrat-Pajot


Tome 3 de Les mystères de Larispem

ATTENTION, L'ARTICLE PEUT SPOILER LES TOMES PRÉCÉDENTS


Résumé : 

La comtesse Vérité rêve de posséder l'élixir ultime permettant de contrôler les foules par la seule pensée. Qui pourra arrêter celle qui s'apprête à déclencher une guerre internationale, à la veille du nouveau siècle? Nathanaël, parti à la recherche de ses origines hors de Larispem? Liberté, enfermée dans la sinistre prison de la Petite Roquette? Ou Carmine, tiraillée entre son indéfectible amitié et sa loyauté envers les louchébems?


Extrait : 

Tandis que Larispem s’élève vers l’avenir, la France reste figée dans ses traditions, tel le rôti froid dans sa sauce.
Citation attribuée à Gustave Fiori.

Dans le ciel non loin de Larispem – 1899.

– Ton père… s’appelle Félix… Félix Vaulièvre. C’est… un aristocrate.
La voix de la Présidente était faible. Elle prenait de grandes inspirations pour lutter contre la douleur et Nathanaël devait se concentrer pour comprendre, ou plutôt pour écouter car pour le moment, il ne comprenait absolument rien.
– Il a travaillé… avec Louis d’Ombreville… pour fabriquer l’élixir… Je l’ai espionné… Quand j’ai compris que quelque chose… se tramait… je l’ai fait arrêter. Je suis venue le voir en prison après la mort de Jacques… Je ne l’ai dit à personne… ni à Max… ni à Gustave. Et… nous sommes tombés amoureux. C’est lui qui m’a injecté l’élixir… c’était pour…
Elle pâlit un peu plus, sa main se crispa sur sa blessure et elle s’évanouit.
– Présidente ! Présidente, réveille-toi, je t’en supplie !
Nathanaël administra des tapes timides sur ses joues décolorées. Elle ne pouvait pas mourir maintenant. Pas alors qu’il était seul avec elle dans un aérostat dérivant au-dessus de la France. Pas alors qu’elle venait de lui révéler qu’elle était sa mère et qu’elle avait commencé à lui parler de Félix, cet inconnu qui était son père.
– Présidente ! hurla-t-il avec l’énergie du désespoir.
Lentement, elle souleva les paupières. Nathanaël se pencha tout près d’elle pour essayer de l’entendre malgré le mugissement du vent qui s’engouffrait dans le poste de pilotage de L’Esprit de la Commune.
– J’ai froid…
Nathanaël se releva. Il ne pouvait rien faire pour la tirer d’affaire et il ne savait pas piloter ce fichu appareil mais peut-être qu’il pouvait au moins réussir à fermer la porte. En se tenant à la paroi, il s’approcha de l’ouverture. Le vent glacé s’engouffrait dans ses vêtements, lui promettant un plongeon mortel s’il commettait la moindre imprudence. Un coup d’œil au patchwork de carrés verts et bruns en contrebas lui confirma que L’Esprit de la Commune était très haut dans le ciel. Il s’accrocha d’une main et essaya de refermer la porte coulissante.
Il se rendit alors compte qu’il entendait quelque chose : un bruit de moteur. Nathanaël tendit l’oreille. Noyé dans le whooosh-whooosh des pales immenses du dirigeable, il y avait un bourdonnement aigu, comme si un appareil plus petit s’approchait.

Extrait du chapitre 1: Révélations en plein ciel


Mon avis : 

Troisième et dernier tome de la saga Les mystères de Larispem, qui avait remporté le concours du premier roman jeunesse organisé par Gallimard en 2016 avec son premier tome. J'étais ravie de retrouver cette saga dont j'attendais la fin avec impatience. J'ai un peu tardé à le lire parce que j'aime vraiment l'univers et je n'avais donc pas envie de refermer les pages de ce monde. 

Il est, selon moi, un poil en dessous des deux précédents mais il a quand même ravi mon cœur. Franchement, j'aimerai vraiment qu'il y ai une suite ou au moins une histoire qui se déroule dans le même univers... 

Comme à chaque tome c'est un plaisir de retrouver nos trois héros. Carmine me fait, comme toujours, bien rire avec son mauvais caractère et ses remarques cinglantes. Liberté est toujours un amour, pleine de ressources et ingénieuse. Et Nathanaël est un peu dans la lune mais déterminé à venir en aide à ses amies et à rétablir la vérité. Le pouvoir du sang est vraiment stylé, flippant et maléfique. Et la comtesse Vérité est le parfait exemple d'une mauvaise utilisation de ce pouvoir. 

Je pense que j'ai un peu moins aimé ce tome car les personnages y sont plus séparés que dans les précédents. Et j'ai trouvé que l'histoire était un peu plus dans la stratégie et l'attente du rassemblement des personnages que dans l'action. 

Malgré le fait que je n'avais aucune envie que la saga se termine, la fin n'était pas mauvaise, mais je n'arrive pas à l'accepter pleinement. Comme un petit goût amer, une certaine mélancolie de savoir qu'il n'y aura pas de suite...
Lisez cette saga, vous ferez la découverte d'un univers steampunk riche et de personnages drôles, intelligents et attachants.


Ma note :

16/20


Infos complémentaires :

Genre : Jeunesse, Science-Fiction, Fantastique
Editions : Gallimard (Jeunesse)
Date de parution : 2018
Nombre de pages : 336

dimanche 2 juin 2019

After the fire | Will Hill



Résumé : 

The things I've seen are burned into me, like scars that refuse to fade.

Before, she lived inside the fence. Before, she was never allowed to leave the property, never allowed to talk to Outsiders, never allowed to speak her mind. Because Father John controlled everything - and Father John liked rules. Disobeying Father John came with terrible consequences.

But there are lies behind Father John's words. Outside there are different truths.

Then came the fire. 


Voici une traduction personnelle du résumé ci-dessus :

Les choses que j'ai vu sont marquées au fer blancs dans mon être, comme des cicatrices qui refusent de disparaître.

Avant, elle vivait à l'intérieur de la clôture. Avant elle n'avait jamais le droit de quitter la propriété, jamais le droit de parlait à des gens de l'Extérieur, jamais le droit de dire ce qu'elle pensait. Parce que Père John contrôlait tout - et Père John aimait les règles. Désobéir au Père John c'était s'attendre à de lourdes répercussions en retour.

Mais les mots de Père John cachent des mensonges. Dehors, les vérités sont différentes.

Puis vint le feu.

Extrait : 

I sprint across the yard, my eyes streaming, my heart pounding in my chest.
The noise of the gunfire is still deafening, and I hear – I actually hear – bullets whizzing past me, their low whines like the speeded-up buzz of insects, but I don’t slow down, and I don’t change course. The Chapel is burning out of control, its roof engulfed by roaring fire and sending up a huge black plume of smoke, and the amplified voice of the Government booms across the compound, repeating its deafening demand over and over again.
“PUT DOWN YOUR WEAPONS AND COME FORWARD SLOWLY WITH YOUR HANDS IN THE AIR!”
Nobody is listening. Not the other Governments, and definitely not any of my Brothers and Sisters.
In the distance, back near the Front Gate, the tank rumbles forward, crushing the flimsy wire fence and churning the desert floor. Somewhere, over the engines and the endless rattle of gunfire, I can hear screams of pain and pleading shouts for help, but I force myself to ignore them and keep going: my eyes are fixed on the wooden cabins at the western edge of The Base.
I trip over something.
My feet tangle, and I go sprawling onto the cracked tarmac of the yard. Pain crunches through me as my shoulder hits the ground, but I grit my teeth and get back to my feet and look round to see what I fell over.
Alice is lying on her back, her hands clutching her stomach.
Her shirt has turned red, and she’s lying in a pool of blood that seems too big to have all come out of one person. She’s still alive though. Her eyes are dim, but they find mine, and she looks at me with an expression I can’t describe. There’s pain there, a lot of pain, and shock, and fear, and something that looks like confusion, like she wants to know how things ever came to this.
I hold her gaze. I want to stay with her, to tell her it’s all right and that she’s going to be okay, but it isn’t all right, nothing is, and I don’t know very much about bullet wounds but I don’t think she is going to be okay.
I’m pretty sure she’s going to die.
I stare at her, wasting seconds that the still-functional bit of my brain screams at me for wasting, then run towards the west barracks. Alice’s eyes widen as I turn away, but I don’t see anger in them. I think she understands what I have to do.
That’s what I tell myself, at least.
A figure emerges out of the swirling smoke and I skid to a halt, my hands raised. But it isn’t one of the Governments, with their black helmets and goggles and guns. It’s Amos, his eyes red and puffy, one arm limp at his side, a pistol trembling in his good hand.
“Where’s Father John?” he asks, his voice hoarse and torn. “Have you seen him?”
I shake my head and try to circle around him, but he grabs my arm and pulls me close.
“Where is he? Where is The Prophet?” he rasps.
“I don’t know!” I scream, because the tank has reached the yard and the gunfire is heavier than ever and the fire is leaping from building to building faster than I can follow.


Voici une traduction personnelle de l'extrait ci-dessus :


Je cours à toute vitesse à travers la cour, mes yeux ruisselants et mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine.
Le bruit des armes à feu est toujours assourdissant, et j’entends – j’entends vraiment – les balles siffler à mes oreilles, leurs faibles gémissements semblable aux bourdonnements des insectes en accéléré, mais je ne ralentis pas ni ne change de cap. La Chapelle brûle de manière incontrôlable, son toit englouti dans les flammes grandissantes qui diffuse un lourd nuage de fumée noire, et la voix amplifiée des membres du gouvernement retentit à travers le camp, répétant sa demande de manière assourdissante encore et encore.
« POSEZ VOS ARMES À TERRE ET AVANCEZ LENTEMENT AVEC LES MAINS EN L’AIR »
Personne ne l’écoute. Ni les autres membres du gouvernement et encore moins mes Frères et mes Sœurs.
Au loin, juste derrière l’entrée principale, le tank s’avance dans un grondement écrasant sur son passage les frêles barbelés et le sol sableux du désert. Quelque part, par dessus le bruit des moteurs et celui incessant des armes à feu, je peux entendre des hurlements de douleur et des cris désespérés demandant de l’aide, mais je me force à les ignorer et continue d’avancer : mon regard est fixé sur les cabanes en bois en bordure ouest de la Base.

Je trébuche sur quelque chose.
Mes pieds s’emmêlent, et je m’étale de tout mon long sur le sol craquelé de la cour. La douleur me transperce lorsque mon épaule heurte le sol, mais je sers les dents et me remets debout, puis je regarde autour de moi pour voir sur quoi j’ai trébuché.
Alice est couché sur le dos, les mains appuyées contre son estomac.
Son t-shirt a viré au rouge et elle est allongée dans une mare de sang qui semble être trop grande pour provenir d’une seule et même personne. Mais elle est toujours vivante. Son regard est lointain, mais elle trouve le mien et me regarde avec une expression que je ne peux décrire. J’y vois de la douleur, beaucoup de douleur, et le choc ,et la peur et quelque chose qui ressemble à de la confusion, comme si elle voulait savoir comment on en est arrivés là.
Je soutiens son regard. Je voudrais rester avec elle, lui dire que ça va aller, qu’elle va s’en sortir, mais ça ne va pas, rien ne va, et même si je n’y connais pas grand-chose en blessure par balle, je ne crois pas qu’elle va s’en sortir.
Je suis à peu près certaine qu’elle va mourir.
Je la regarde, perdant de précieuses secondes que la petite partie de mon cerveau encore en état de fonctionner me reproche de perdre, puis je pars en courant vers les baraquements à l’ouest. Les yeux d’Alice s’écarquillent alors que je m’en vais, mais je n’y vois pas de la colère. Je crois qu’elle comprend ce que je dois faire.
C'est ce que je me dis, du moins.
Une silhouette émerge des nuages de fumée et je m'arrête en dérapant, les mains en l'air. Mais ce n'est pas un homme du gouvernement, avec leurs casques, leurs lunettes et leurs armes, tout en noir. C'est Amos, les yeux rouges et gonflés, un bras sans vie d'un côté et un pistolet tremblant dans sa main encore valide.
"Où est Père John ?" me demande-t-il de sa voix éraillée. "Est-ce que tu l'as vu ?"
Je secoue la tête en signe de négation puis essaye de le contourner, mais il m'attrape le bras et m'attire vers lui.
"Où il est ? Où est le Prophète ?" continua-t-il de sa voix cassée.
"J'en sais rien !" crié-je, parce que le tank était entré dans la cour et que les tirs se faisaient plus nombreux que jamais, et le feu passait de bâtiments en bâtiments sans que j'ai le temps de le suivre.


Extrait du prologue


Mon avis : 

Une claque. J'ai été happée par cette histoire inspirée de faits réels. L'auteur c'est beaucoup renseigné sur le sujet et notamment sur la secte de Waco. C'était glaçant, c'était poignant, c'était bluffant. 

J'ai trouvé le style juste et incisif et cela crée un rythme rapide qui nous emmène dans l'histoire. La construction du roman est très intéressante et apporte beaucoup à l'histoire et à son déroulement: on a une alternance entre des moments présent et des flashbacks ou souvenirs racontés par Moonbean. Les moments présents se passent dans un centre hospitaliers pour enfants où les survivants de Waco sont suivis par des psychologues, parce qu'on va pas se mentir, le changement est un peu brutal. 

Moonbeam est vraiment un personnage fort, poignant, avec beaucoup de secrets car elle se croit responsable de beaucoup de choses (que je vous laisse découvrir au fil des pages). Un peu dur de porter ça sur ses épaules, à 17 ans... Les personnages secondaires comme le psychologue Docteur Hernandez ou l'agent Carlyle ont vraiment un rôle important dans la compréhension et le déroulement de l'histoire. J'ai aimé que les adultes ne soient pas laissés à l'écart et qu'ils aient un réel rôle d'aide dans la reconstruction des enfants. Les autres enfants, quant à eux, sont vraiment plus secondaires et on entend parler d'eux plus dans les flashbacks de Moonbeam que dans les moments présents, donc ils apparaissent comme moins importants (hormis Luke, un peu psychopathe mais surtout grande victime de cette secte...). La psychologie des personnages est vraiment bien faite et on comprend comment certains ont pu être embrigadés dans cette secte. Et on comprend aussi pourquoi c'est aussi dur pour les plus jeunes, nés dans la secte même, de ce défaire de ces idées malsaines dont on leur a bourré le crâne. 

Bref c'est flippant, glaçant, criant de vérité. Je ne peux que vous le conseiller! 


Ma note :

17/20


Infos complémentaires :

Genre : Drame
Editions : Usborne
Date de parution : 2017
Nombre de pages : 476

Ce livre est disponible en version française aux éditions Casterman, traduit par Anne Guitton, sous le titre Par le feu.