lundi 24 juin 2019

Circe | Madeline Miller




Résumé :

In the house of Helios, god of the sun and mightiest of the Titans, a daughter is born. But Circe is a strange child—not powerful, like her father, nor viciously alluring like her mother. Turning to the world of mortals for companionship, she discovers that she does possess power—the power of witchcraft, which can transform rivals into monsters and menace the gods themselves.
Threatened, Zeus banishes her to a deserted island, where she hones her occult craft, tames wild beasts and crosses paths with many of the most famous figures in all of mythology, including the Minotaur, Daedalus and his doomed son Icarus, the murderous Medea, and, of course, wily Odysseus.
But there is danger, too, for a woman who stands alone, and Circe unwittingly draws the wrath of both men and gods, ultimately finding herself pitted against one of the most terrifying and vengeful of the Olympians. To protect what she loves most, Circe must summon all her strength and choose, once and for all, whether she belongs with the gods she is born from, or the mortals she has come to love.


Voici une traduction personnelle du résumé ci-dessus :

Dans la maison d'Hélios, dieu du soleil et le plus puissant des Titans, une fille est née. Mais Circé est une enfant étrange - elle ne possède ni la puissance de son père, ni la dangereuse beauté de sa mère. Se tournant vers le monde des mortels afin de trouver un peu de compagnie, elle découvre qu'elle possède finalement un pouvoir - la sorcellerie, celle qui peut transformer des rivales en monstres, celle qui menace même les dieux.
Se sentant menacé, Zeus bannit Circé sur une île déserte, où elle cultive son don occulte, apprivoise des animaux sauvages et croise le chemin des figures les plus connues de la mythologie, comme notamment le Minotaure, Dédale et son fils maudit Icare, la meurtrière Médée, et bien entendu, l'habile Ulysse.
Mais le danger existe aussi pour une femme seule contre tous, et Circé s'attire involontairement les foudres des dieux mais aussi celles des hommes, se retrouvant opposée à l'un des plus terrifiants Olympiens mais aussi l'un des plus vengeurs. Pour protéger ce qu'elle a de plus cher, Circé doit rassembler ses forces et choisir, une fois pour toutes, si elle appartient au monde des dieux où elle est née, ou celui des mortels qu'elle a appris à aimer.




Extrait : 

When I was born, the name for what I was did not exist. They called me nymph, assuming I would be like my mother and aunts and thousand cousins. Least of the lesser goddesses, our powers were so modest they could scarcely ensure our eternities. We spoke to fish and nurtured flowers, coaxed drops from the clouds or salt from the waves. That word, nymph, paced out the length and breadth of our futures. In our language, it means not just goddess, but bride.
My mother was one of them, a naiad, guardian of fountains and streams. She caught my father’s eye when he came to visit the halls of her own father, Oceanos. Helios and Oceanos were often at each other’s tables in those days. They were cousins, and equal in age, though they did not look it. My father glowed bright as just-forged bronze, while Oceanos had been born with rheumy eyes and a white beard to his lap. Yet they were both Titans, and preferred each other’s company to those new-squeaking gods upon Olympus who had not seen the making of the world. Oceanos’ palace was a great wonder, set deep in the earth’s rock. Its high-arched halls were gilded, the stone floors smoothed by centuries of divine feet. Through every room ran the faint sound of Oceanos’ river, source of the world’s fresh waters, so dark you could not tell where it ended and the rock-bed began. On its banks grew grass and soft gray flowers, and also the unnumbered children of Oceanos, naiads and nymphs and river-gods. Otter-sleek, laughing, their faces bright against the dusky air, they passed golden goblets among themselves and wrestled, playing games of love. In their midst, outshining all that lily beauty, sat my mother.
Her hair was a warm brown, each strand so lustrous it seemed lit from within. She would have felt my father’s gaze, hot as gusts from a bonfire. I see her arrange her dress so it drapes just so over her shoulders. I see her dab her fingers, glinting, in the water. I have seen her do a thousand such tricks a thousand times. My father always fell for them. He believed the world’s natural order was to please him.
“Who is that?” my father said to Oceanos.
Oceanos had many golden-eyed grandchildren from my father already, and was glad to think of more. “My daughter Perse. She is yours if you want her.”
The next day, my father found her by her fountain-pool in the upper world. It was a beautiful place, crowded with fat-headed narcissus, woven over with oak branches. There was no muck, no slimy frogs, only clean, round stones giving way to grass. Even my father, who cared nothing for the subtleties of nymph arts, admired it.
My mother knew he was coming. Frail she was, but crafty, with a mind like a spike-toothed eel. She saw where the path to power lay for such as her, and it was not in bastards and riverbank tumbles. When he stood before her, arrayed in his glory, she laughed at him. Lie with you? Why should I?
My father, of course, might have taken what he wanted. But Helios flattered himself that all women went eager to his bed, slave girls and divinities alike. His altars smoked with the proof, offerings from big-bellied mothers and happy by-blows.
“It is marriage,” she said to him, “or nothing. And if it is marriage, be sure: you may have what girls you like in the field, but you will bring none home, for only I will hold sway in your halls.”
Conditions, constrainment. These were novelties to my father, and gods love nothing more than novelty.





Voici une traduction personnelle de l'extrait ci-dessus :

Lorsque je suis née, le nom pour désigner ce que j'étais n'existait pas. Ils m'ont appelée nymphe, supposant que je serais comme ma mère, mes tantes et mes centaines de cousines. Encore plus inutile que la petite des déesses, nos pouvoirs étaient si modestes qu'ils pouvaient à peine assurer notre éternité. Nous parlions aux poissons et soignions les fleurs, amadouions les gouttes de pluie des nuages et le sel des vagues. Ce mot, nymphe, rythmait la durée et l'ampleur de notre futur. Dans notre langue, il ne veut pas simplement dire déesse mais aussi mariée. Ma mère était l'une d'elle, une Naïade, gardienne des fontaines et des cours d'eau. Elle avait attiré l'attention de mon père quand il était venu visiter la demeure de mon grand-père, le père de ma mère, Océan. Hélios et Océan se trouvaient souvent à la table l'un de l'autre à cette époque. Ils étaient cousins et avaient le même âge, même si cela ne paraissait pas être le cas. Mon père brillait de milles feux comme du bronze fraîchement forgé, alors qu'Océan était né avec des yeux chassieux et une barbe blanche qui lui arrivait aux genoux. Cependant ils étaient tous deux des Titans, et préféraient leur propre compagnie plutôt que celle de ces nouveaux dieux couinant sur le Mont Olympe, qui n'avaient même pas vu la création du monde. Le palace d'Océan était une véritable merveille, enfoui profondément dans la roche de la Terre. Ses immenses salles voûtées étaient dorées, les sols en pierre polis par des siècles de pieds divins. Dans chaque pièce courait le bruit léger de la rivière d'Océan, la source de toute l'eau douce sur Terre, si sombre que l'on ne peut savoir où elle se termine et où commence le lit de pierre. Sur ses rives poussent de l'herbe ainsi que de délicates fleurs grises mais aussi les innombrables enfants d'Océan: Naïades, Nymphes et Dieux des rivières. Avec l'élégance des loutres, riant, leurs visages lumineux en comparaison à l'air sombre qui les entourait, ils faisaient circuler des coupes en or parmi eux et se battaient, jouant à des jeux d'amour. Et en leur sein, éclipsant toute leur beauté, se tenait ma mère.
Ses cheveux étaient d'un brun chaud, chaque mèche, si chatoyante, donnait l'illusions que sa chevelure était éclairée de l'intérieur. Elle aurait senti le regard de mon père, aussi chaud que les bouffées de chaleur libérées par un feu de joie. Je la vois, arrangeant sa robe pour qu'elle se pose juste sur ses épaules. Je la vois, frôlant l'eau de ses doigts étincelants. Je l'ai vue faire des milliers de fois ce genre de tours. Mon père tombait toujours dans le panneau. Il était persuadé que l'ordre naturel du monde était fait pour lui plaire. 
"Qui est-ce?" demande mon père à Océan.
Océan avait déjà de nombreux petits-enfants aux yeux d'or grâce à mon père, et l'idée d'en avoir plus le séduisait. "Ma fille, Persé. Elle est à toi si tu la veux."
Le lendemain, mon père la trouva près de sa fontaine dans le monde supérieur. C'était un endroit magnifique, plein de larges narcisses, surplombé par des branches de chênes. Il n'y avait pas de boue ni aucune grenouille gluantes, seulement des pierres propres et rondes laissant place à de l'herbe. Même mon père, qui ne s'intéressait pas le moins du monde aux subtilités de l'art des nymphes, admirait ce lieu.
Ma mère savait qu'il venait. Elle était frêle, mais habile de ses mains et son esprit était aussi perçant que les dents aiguisées d'une anguille. Elle voyait bien où le chemin du pouvoir pouvait mener quelqu'un comme elle, et ce n'était pas aux côtés de bâtards ou sur les berges d'une rivière. Lorsqu'il se tint devant elle, enveloppé dans sa gloire, elle lui rit au nez. "Couchez avec vous? Pourquoi ferais-je cela?"
Mon père, bien sûr, aurait pu prendre ce qu'il voulait. Mais Hélios se targuait que chaque femme voulait sincèrement venir dans son lit, qu'elle soit une esclave ou une divinité. Ses autels en témoignaient bien, avec des offrandes de la part de femmes aux ventres bien ronds et d'heureux enfants illégitimes.
"Si vous me voulez, vous m'épouserez, sinon, c'est un non." dit-elle. "Et si vous m'épousez, bien sûr, vous pourrez avoir toutes les filles que vous souhaiterez sur vos terres, mais vous n'en ramènerez aucune à la maison, moi seule aurais l'emprise en ses murs."
Des conditions, des limites. C'étaient des choses nouvelles pour mon père, et les dieux n'apprécient rien de plus fort que la nouveauté.

Extrait de Chapter 1 (Chapitre 1)


Mon avis : 

J'ai lu ce livre fin 2018 mais je souhaitais quand même vous en parler parce que c'était super ! J'ai adoré lire la vie de Circé. Je ne connaissais rien sur ce personnage mythologique et c'était du coup très enrichissant pour mes quelques connaissances de la mythologie gréco-romaine. 

Le personnage de Circé est vraiment cool et badass ! Elle ne se laisse pas faire et fait de ses pouvoirs qui terrorisent tout le monde une vraie force afin de se créer un petit coin idyllique alors qu'elle est bannie et vouée à vivre seule sur son île. J'ai aimé rencontré les autres personnages qui sont passés sur l'île et dans la vie de Circé. J'ai aussi beaucoup aimé le fait qu'elle n'arrive pas à s'identifier aux valeurs des autres dieux : elle n'est pas cruelle et elle finit par sembler plus humaine que divine, c'est pourquoi il est très facile de s'attacher à son personnage.

Point positif de l'oeuvre, elle déborde de féminisme. Circé se bat pour sa liberté et la reconnaissance de son talent, et elle ne s'écrase pas devant les hommes, elle est leur égal.

C'est, selon moi, une lecture qu'il faut savourer, lire en douceur pour en apprécier toutes les qualités : c'est très bien écrit, c'est violent et doux à la fois. Violent dans ce qui arrive à Circé, doux dans les mots et la prose. On est porté par le récit au fil des pages, entre indignation et admiration selon les événements. 

C'était vraiment une bonne lecture et je pense m'essayer au premier roman de Madeline Miller dès que j'en aurais l'occasion. Je vous le conseille vivement 


Ma note :

17/20


Infos complémentaires :

Genre : Fantasy, Mythologie
Editions : Bloomsbury
Date de parution : 2018
Nombre de pages : 378

Ce livre est disponible en version française aux éditions Rue Fromentin et aux éditions Pocket, traduit par Christine Auché.

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