mercredi 27 février 2019

Neuromancien | William Gibson


Tome 1 de La Conurb


Résumé : 

Case est un pirate de génie dont le cerveau est directement reliée à un monde de données et de programmes où il évolue comme dans le réel. Un faux-pas ? Son employeur lui endommage le système nerveux et le prive de travail. Retour en grâce avec un nouveau commanditaire. Mais à qui a-t-il réellement affaire ? Ou à quoi ?


Extrait : 

Le ciel au-dessus du port était couleur télé calée sur un émetteur hors service.
« Faudrait pas m’prendre pour un camé, entendit dire Case tandis qu’il se frayait un passage dans la foule pour gagner la porte du Tchat. C’est juste que mon organisme souffre d’une énorme carence en drogue. » C’était un accent de la Conurb et une vanne de la Conurb. Le Tchatsubo était un bar pour expatriés de profession ; vous pouviez y zoner une semaine sans jamais entendre deux mots de japonais.
Ratz officiait au comptoir, avec son bras artificiel qui tressautait sur un rythme monotone pour remplir les chopes de Kirin-pression. Il vit Case et lui sourit de toutes ses dents, treillis d’acier est-européen et de caries brunâtres. Case se trouva une place près du bar, entre le bronzage improbable d’une pute à Lonny Zone et l’uniforme impeccable d’un grand marin africain dont les pommettes s’ornaient des balafres régulières de marques tribales.
— Gage était ici tout à l’heure, avec deux mignons, dit Ratz en faisant, de sa main valide, glisser une chope sur le comptoir. P’t-être que c’est à toi qu’ils en ont, Case ?
Case haussa les épaules. La fille sur sa droite lui donna un coup de coude en gloussant.
Le sourire du barman s’élargit. Sa laideur était épique. En un temps où la beauté était devenue denrée accessible, il y avait quelque chose de chevaleresque dans sa façon de la refuser. Le bras antique grinça lorsqu’il le tendit pour servir une autre chope. C’était une prothèse militaire russe, un manipulateur à sept degrés de liberté et rétroaction sensorielle, sous une enveloppe de plastique rose sale.
— On joue trop l’artiste, Herr Case, maugréa Ratz. (Le grognement lui tenait lieu de rire. Il gratta d’une pince rose le surplomb de bedaine qui saillait sous la chemise blanche.) L’artiste des coups un peu rigolos.
— Ben voyons, fit Case en sirotant sa bière. Faut bien qu’y ait un p’tit rigolo dans le coin. Sûr que t’es mal barré pour ça.
Le gloussement de la pute grimpa d’une octave.
— Toi aussi, fillette. Alors, tu disparais, vite fait, vu ? Zone, c’est un pote à moi.
Elle regarda Case dans les yeux tout en esquissant à peine un bruit de crachement, lèvres presque immobiles. Mais elle s’en alla.
— Bon Dieu, fit Case. Qu’est-ce que c’est que ce trou à rats ? Même pas moyen de boire un verre.
— Ah, dit Ratz en épongeant avec un vieux chiffon le bois rayé. Zone prend son pourcentage, toi, je te laisse bosser ici pour amuser la galerie.
Case saisissait son verre de bière lorsque tomba l’un de ces étranges instants de silence, comme si une centaine de conversations sans rapport étaient soudain simultanément parvenues à la même pause. Le rire de la pute s’éteignit, sur une dernière note un rien hystérique.
— Un ange passe, grogna Ratz.
— Les Chinois, beugla un Australien soûl. Ces putains de Chinois qu’ont inventé la neuronnexion. Pour vous couper les nerfs en quatre, ils s’y entendent pour t’arranger, mec…
— Et allons donc, dit Case, en lorgnant son verre, toute son amertume remontant soudain en lui comme un flot de bile. Qu’est-ce qu’y faut pas entendre comme conneries.

Extrait du chapitre 1 de la partie 1 : Le blues de Chiba


Mon avis : 

J'ai dû lire ce livre pour les cours et même si je ne m'y serais probablement jamais tournée de moi-même, c'était une lecture plutôt intéressante et dans l'ensemble pas mauvaise. 

On se retrouve dans un univers assez complexe avec de nombreux néologismes inventés par l'auteur, ce qui fait qu'on est un peu perdu au début du roman. Mais pour autant, il est très intéressant. Le monde mis en avant par l'auteur, très futuriste, est saturé par la technologie et surpeuplé de surcroît. Cela donne une ambiance très particulière au roman et donne une vision peu agréable du futur qui pourrait nous attendre. 

L'intrigue en soit n'est pas désagréable avec cette sorte de mission et d'enquête, mais clairement les personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires, ne sont pas très intéressants ni attractifs. Je ne me suis attachée à aucun d'eux, mais pour autant ils ne sont pas détestables ou totalement antipathiques, ils sont juste sans intérêt. 

Le point négatif principal pour moi, reste les longueurs dans la narration de l'intrigue qui personnellement m'ont donné l'envie de sauter des passages pour tenter d'accélérer le rythme... On continue de lire le roman car la fin est attirante et on souhaite vraiment connaître le dénouement final de cette intrigue. 

Tous ces éléments donnent au final quelque chose de mitigée: ce n'est ni bon, ni mauvais , on est loin de passer un mauvais moment en le lisant mais c'est loin d'être la lecture de l'année. Je ne pense pas que je lirai les deux autres tomes de la trilogie, car j'ai peur de m'ennuyer si les longueurs persistent à l'instar du premier tome. 

Ma note :

14/20


Infos complémentaires :

Genre : Science-Fiction
Editions : J'ai lu
Traduction : Jean Bonnefoy
Date de parution : 2001 (1ère publication VO: 1984)
Nombre de pages : 319

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