dimanche 17 mars 2019

Never let me go | Kazuo Ishiguro

Auprès de moi toujours

Résumé : 

In one of the most acclaimed novels of the recet years, Kazuo Ishiguro imagines the lives of a group of students growing up in a darkly skewed version of contemporary England.
Narrated by Kathy, now thirty-one, Never Let Me Go dramatises her attempts to come to terms with her childhood at the seemingly idyllic Hailsham School and with the fate that has always awaited her and her closest friends in the wider world. A story of love, friendship and memory, Never Let Me Go is charged throughout with a sense of the fragility of life.


Voici une traduction personnelle du résumé ci-dessus :

Dans l’un des romans les plus encensés de ces dernières années, Kazuo Ishiguro dépeint la vie d’un groupe d’étudiants grandissant dans une version plus sombre de l’Angleterre actuelle.
Narré par Kathy, maintenant âgée de 31 ans, Auprès de moi toujours met en scène les tentatives de Kathy pour composer avec son enfance à l’école Hailsham en apparence idyllique et avec le destin inévitable qui l’attend, elle et ses amis, dans ce vaste monde. Une histoire d’amour, d’amitié et de souvenirs, Auprès de moi toujours est empreint d’un sentiment illustrant la fragilité de la vie.

Extrait : 

My name is Kathy H. I'm thirty-one years old, and I've been a carer now for over eleven years. That sounds long enough, I know, but actually they want me to go on for another eight months, until the end of this year. That’ll make it almost exactly twelve years. Now I know my being a carer so long isn’t necessarily because they think I’m fantastic at what I do. There are some really good carers who’ve been told to stop after just two or three years. And I can think of one carer at least who went on for all of fourteen years despite being a complete waste of space. So I’m not trying to boast. But then I do know for a fact they’ve been pleased with my work, and by and large, I have too. My donors have always tended to do much better than expected. Their recovery times have been impressive, and hardly any of them have been classified as “agitated,” even before fourth donation. Okay, maybe I am   boasting now. But it means a lot to me, being able to do my work well, especially that bit about my donors staying “calm.” I’ve developed a kind of instinct around donors. I know when to hang around and comfort them, when to leave them to themselves; when to listen to everything they have to say, and when just to shrug and tell them to snap out of it.
Anyway, I’m not making any big claims for myself. I know carers, working now, who are just as good and don’t get half the credit. If you’re one of them, I can understand how you might get resentful—about my bedsit, my car, above all, the way I get to pick and choose who I look after. And I’m a Hailsham student—which is enough by itself sometimes to get people’s backs up. Kathy H., they say, she gets to pick and choose, and she always chooses her own kind: people from Hailsham, or one of the other privileged estates. No wonder she has a great record. I’ve heard it said enough, so I’m sure you’ve heard it plenty more, and maybe there’s something in it. But I’m not the first to be allowed to pick and choose, and I doubt if I’ll be the last. And anyway, I’ve done my share of looking after donors brought up in every kind of place. By the time I finish, remember, I’ll have done twelve years of this, and it’s only for the last six they’ve let me choose.
And why shouldn’t they? Carers aren’t machines. You try and do your best for every donor, but in the end, it wears you down. You don’t have unlimited patience and energy. So when you get a chance to choose, of course, you choose your own kind. That’s natural. There’s no way I could have gone on for as long as I have if I’d stopped feeling for my donors every step of the way. And anyway, if I’d never started choosing, how would I ever have got close again to Ruth and Tommy after all those years?




Voici une traduction personnelle de l'extrait ci-dessus :

Je m’appelle Kathy H. J’ai trente-et-un ans, et je suis soignante depuis maintenant plus de onze ans. Ça semble assez long, je sais, mais en fait ils veulent que je continue encore huit mois, jusqu’à la fin de l’année. Ça fera presque pile douze ans. Bien sûr, je sais que le fait qu’ils m’aient gardée en temps que soignante aussi longtemps ne veut pas dire qu’ils trouvent que je suis fantastique dans ce que je fais. Il y a de très bons soignants à qui on a demandé d’arrêter après seulement deux ou trois ans d’activité. Et je peux me rappeler au moins d’un soignant qui a travaillé pendant quatorze ans alors qu’il était totalement inutile et prenait de la place pour rien. Donc je n’essaye pas de me vanter. Mais maintenant, je sais qu’ils étaient satisfaits de mon travail, et dans l‘ensemble, moi aussi. Mes donneurs ont toujours été bien meilleurs que prévu. Leurs périodes de récupération ont été impressionnantes, et presque aucun n’a été classifié comme « agité » même avant leur quatrième donation. Okay, peut-être que là, je me la pète un peu. Mais ça compte beaucoup pour moi, d’être capable de faire mon travail correctement, particulièrement le fait que mes donneurs restent « calmes ». J’ai développé une sorte d’instinct au contact des donneurs. Je sais quand je dois être près d’eux et les réconforter, quand je dois laisser seuls, face à eux-mêmes ; quand je dois écouter tout ce qu’ils ont à dire, et quand hausser les épaules et leur dire de se secouer.
Peu importe, je ne suis pas en train de faire réclamations pour ma personne. Je connais des soignants, qui travaillent en ce moment, qui sont tout aussi bon et à qui on ne donne pas la moitié de la reconnaissance que j’ai. Si vous êtes l’un d’eux, je comprends que vous puissiez être jaloux – de mon studio, de ma voiture, et par-dessus tout, du fait que je puisse choisir de qui je souhaite m’occuper. Et que je sois une élève de Hailsham – ce qui suffit parfois pour se mettre des gens à dos. Ils disent, Kathy H., elle a le droit de choisir et elle choisit toujours des gens comme elle : soit ils sont de Hailsham soit d’une autre école privilégiée. Ça m’étonne pas qu’elle est un bon dossier. Je l’ai suffisamment entendu dire, et je suis sûre que vous l’avez entendu dire encore plus, et peut-être que ça cache un fond de vérité. Mais je ne suis pas la première à avoir le droit de choisir, et je doute que je sois la dernière. Et, de toute façon, j’ai fait ma part en m’occupant de mes donneurs qui venaient de toutes horizons. Avant que je finisse, souvenez-vous, j’aurais fait ça pendant douze ans, et c’est seulement depuis les six dernières années qu’ils m’autorisent à choisir.

Et pourquoi ne me laisseraient-ils pas faire ? Les soignants ne sont pas des machines. On essaye toujours de faire de notre mieux pour chaque donneur , mais au final, on s’use. On ne possède ni la patience ni l’énergie illimitées. Donc quand on a finalement la chance de choisir, bien sûr, on choisit des gens comme nous. C’est normal. Je n’aurais jamais pu continuer aussi longtemps si j’avais arrêté de ressentir quoi que ce soit pour mes donneurs, à chaque étape de leurs donations. Et puis, si je n’avais jamais pu choisir, comment j’aurais pu me rapprocher à nouveau de Ruth et Tommy après toutes ces années ?


Extrait du chapitre 1


Mon avis : 

Je n'avais pas vraiment d'attente pour ce livre mais au final j'ai été agréablement surprise. J'ai aimé l'écriture qui entraîne le lecteur dans ce monde et dans cette sorte de confession, de narration des mémoires de Kathy qui fait qu'on se sent proche des personnages, comme un ami proche. Ce qui est étonnant, c'est que Kathy prend vraiment (vraiment!) son temps pour raconter sa jeunesse puis sa vie d'adulte en tant que clone, dans une société où elle n'est vue que comme une banque d'organes, et c'est en soit une vie assez monotone, pas d’événements spectaculaires. On pourrait donc penser qu'il y aurait beaucoup de longueurs mais personnellement cela ne m'a pas dérangé, j'ai aimé ce rythme lent semblable à une discussion (peut-être plus à un monologue) entre amis. J'ai aimé suivre le mystère qui plane tout au long de l'histoire sans qu'on sache réellement ce que c'est. 

Kathy est personnage qui semble réellement bon, Tommy aussi semble être quelqu'un de profondément gentil alors que leur amie Ruth est clairement une peste. J'ai passé le roman entier à me demander comment Tommy et Kathy pouvaient être amis avec une telle personne... Et... j'avoue ne toujours pas avoir la réponse...

J'ai littéralement adoré le moment où le titre prend tout son sens à un moment bien précis du livre. J'ai trouvé que c'était une très bonne idée, car finalement, beaucoup d'éléments tournent autour de ça.

En plus d'être bien écrit, ce livre vous fait réfléchir... En effet on nous présente ici des clones qui ne n'existent que pour soigner les "vrais" humains. Ils sont donc considérés comme inférieurs, comme n'ayant pas d'âmes, ils font peur aux humains... Et en tant que lecteurs, on se rend très rapidement compte à quel point Kathy est humaine, c'est d'autant plus déstabilisant quand on découvre comment elle est considérée dans la société. Et vous, comment réagiriez vous si dans votre monde vous étiez confrontez à des clones? Seraient-ils traités comme votre égal? Les considéreriez vous inférieurs ? 


Ma note :

15/20


Infos complémentaires :

Genre : Science-fiction
Editions : Faber & Faber
Date de parution : 2005
Nombre de pages : 282

Ce livre est disponible en version française aux éditions Folio sous le titre Auprès de moi toujours, traduit par Anne Rabinovitch.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire