jeudi 14 mars 2019

Jefferson | Jean-Claude Mourlevat



Résumé : 

Jefferson, jeune hérisson plein d'entrain, vit au pays des animaux. Ce matin-là, il se rend chez le coiffeur, car il est grand temps de se faire rafraîchir la houppette! Mais en arrivant au salon Défini'tif, Jefferson découvre une scène terrifiante: Edgar le blaireau, son coiffeur, est parterre, une paire de ciseaux plantées dans la poitrine... Qui a commis ce crime abominable? L'enquête mène au pays des hommes. Hélas.


Extrait : 

Le jeune hérisson Jefferson Bouchard de La Poterie acheva de ranger son logis en chantonnant des petits pom… pompom… pompom… à la façon des gens qui sont de très bonne humeur. Quand tout fut parfaitement en ordre, la balayette époussetée à la fenêtre et la pelle à ordures raccrochée à son clou, il programma son four afin que ses pommes de terre à la crème soient cuites à point pour son retour. Puis il enfila son veston, le boutonna au milieu, notant par la même occasion que cela faisait des plis dans le tissu à cause de son petit bedon qui poussait vers l’avant. Il faudrait qu’il freine un peu sur les gâteaux secs.
Il s’aspergea de parfum Sous-bois, laça dans l’entrée ses chaussures parfaitement cirées en posant tour à tour son pied droit puis son pied gauche sur le tabouret prévu pour cela, attacha son sac à dos sur ses épaules et sortit. Ce qui le mettait en joie ce matin-là était peu de chose : il avait décidé de se rendre chez son coiffeur. Ça lui avait sauté aux yeux alors qu’il faisait sa toilette : sa gracieuse houppette était en bataille. Or, il détestait avoir l’air négligé. Voilà : il irait en ville se faire rafraîchir la houppette !
Et il en profiterait pour rendre à la bibliothèque le livre emprunté la semaine précédente, un roman d’aventures qui s’appelait Seul sur le fleuve. L’action se déroulait sur le fleuve Orénoque et le héros, un jeune humain nommé Chuck, surmontait toutes les épreuves avec un courage indomptable. Solitude, faim, soif, moustiques, Indiens, pluies torrentielles, chaleur accablante, animaux sauvages, il venait à bout de tout.
Sa couverture bien tirée jusque sous le menton, sa tasse de tisane fumante sur la table de nuit, Jefferson se prenait pour Chuck et se surprenait parfois à serrer les poings et à écarquiller les yeux pendant sa lecture. En tout cas, le roman l’avait tenu éveillé deux nuits de suite jusqu’au matin. Il avait particulièrement adoré le passage où Chuck, perdu en forêt, cherche son chemin en appliquant la technique de l’étoile. On part au hasard dans une direction, on marche droit sur cinquante pas et si on ne trouve rien, on revient à son point de départ pour tenter sa chance ailleurs. Il avait aussi aimé le terrible passage où Chuck, affamé, décide de tuer son chien pour le manger et survivre, mais au dernier moment il a pitié, il éclate en sanglots et épargne la pauvre bête. En lisant ces pages, Jefferson avait dû passer la main sous son oreiller, y prendre son mouchoir et s’essuyer les yeux. Plus loin dans l’histoire, le chien sauvait la vie de Chuck, lui rendant ainsi la pareille. Jefferson, là encore, avait pleuré. C’est un des avantages qu’il y a à vivre seul : on peut chanter fort et faux, se promener tout nu, manger quand on en a envie et pleurer à son aise.

Extrait du chapitre 1


Mon avis : 

J'ai beaucoup aimé ce livre ! Il est, d'après moi, très bien écrit! L'écriture de Jean-Claude Mourlevat est très fluide, c'est très agréable. J'ai aimé que l'auteur écrive un roman qui semble être un polar pour y évoquer d'autres thèmes importants comme la souffrance animale dans les abattoirs notamment. 

L'enquête sur le meurtre d'Edgar le blaireau est vraiment chouette, le fait qu'elle soit accompagnée d'un voyage pour les animaux pouvant parler au pays des humains rend l'affaire moins lourde et permet de mieux connaitre et apprécier les personnages. J'ai aussi beaucoup aimé cette distinction faite par l'auteur entre humains, animaux "basiques" et animaux dotés de la parole et donc considérés comme plus intelligents et plus évolués que les animaux classiques. Cela permet de renforcer l'argumentaire sur la souffrance animale avec le point de vue des animaux comme Jefferson ou son acolyte Chuck. 

J'ai vraiment aimé les personnages des animaux personnifiés, ils sont drôles, super attachants et avec de vraiment chouettes personnalités, ils respirent tous la bonté, ça donne envie d'aller vivre avec eux au pays pays des animaux. 
L'auteur arrive très bien à équilibrer les passages sombres et les passages plus légers et drôles dans le livre ce qui donne un résultat final très harmonieux à mes yeux. On passe de moments de rires à des moments vraiment plus sérieux, et c'est vraiment très bien exécuter par l'auteur.

Je conseille vraiment ce livre à tout le monde et je pense qu'il est très bien car il permet d'ouvrir la discussion avec les plus jeunes sur la condition animale. Même si vous n'êtes pas clairement intéressés par la cause animale, l'histoire est vraiment chouette donc n'hésitez pas !


Ma note :

16/20


Infos complémentaires :

Genre : Jeunesse, Polar
Editions : Gallimard (Jeunesse)
Date de parution : 2018
Nombre de pages : 272

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