mardi 16 février 2021

The Memory Police | Yôko Ogawa



Résumé : 

A haunting, Orwellian novel about the terrors of state surveillance, from the acclaimed author of The Housekeeper and the Professor

On an unnamed island off an unnamed coast, objects are disappearing: first hats, then ribbons, birds, roses—until things become much more serious. Most of the island's inhabitants are oblivious to these changes, while those few imbued with the power to recall the lost objects live in fear of the draconian Memory Police, who are committed to ensuring that what has disappeared remains forgotten.

When a young woman who is struggling to maintain her career as a novelist discovers that her editor is in danger from the Memory Police, she concocts a plan to hide him beneath her floorboards. As fear and loss close in around them, they cling to her writing as the last way of preserving the past.

A surreal, provocative fable about the power of memory and the trauma of loss, The Memory Police is a stunning new work from one of the most exciting contemporary authors writing in any language.

Voici une traduction personnelle du résumé ci-dessus :


Extrait : 

I sometimes wonder what was disappeared first—among all the things that have vanished from the island.

“Long ago, before you were born, there were many more things here,” my mother used to tell me when I was still a child. “Transparent things, fragrant things…fluttery ones, bright ones…wonderful things you can’t possibly imagine.

“It’s a shame that the people who live here haven’t been able to hold such marvelous things in their hearts and minds, but that’s just the way it is on this island. Things go on disappearing, one by one. It won’t be long now,” she added. “You’ll see for yourself. Something will disappear from your life.”

“Is it scary?” I asked her, suddenly anxious.

“No, don’t worry. It doesn’t hurt, and you won’t even be particularly sad. One morning you’ll simply wake up and it will be over, before you’ve even realized. Lying still, eyes closed, ears pricked, trying to sense the flow of the morning air, you’ll feel that something has changed from the night before, and you’ll know that you’ve lost something, that something has been disappeared from the island.”

My mother would talk like this only when we were in her studio in the basement. It was a large, dusty, rough-floored room, built so close to the river on the north side that you could clearly hear the sound of the current. I would sit on the little stool that was reserved for my use, as my mother, a sculptor, sharpened a chisel or polished a stone with her file and talked on in her quiet voice.

“The island is stirred up after a disappearance. People gather in little groups out in the street to talk about their memories of the thing that’s been lost. There are regrets and a certain sadness, and we try to comfort one another. If it’s a physical object that has been disappeared, we gather the remnants up to burn, or bury, or toss into the river. But no one makes much of a fuss, and it’s over in a few days. Soon enough, things are back to normal, as though nothing has happened, and no one can even recall what it was that disappeared.”

Then she would interrupt her work to lead me back behind the staircase to an old cabinet with rows of small drawers.

“Go ahead, open any one you like.”

I would think about my choice for a moment, studying the rusted oval handles.

I always hesitated, because I knew what sorts of strange and fascinating things were inside. Here in this secret place, my mother kept hidden many of the things that had been disappeared from the island in the past.

Voici une traduction personnelle de l'extrait ci-dessus :



Extrait du chapitre 1


Mon avis : 

The Memory Police, c'est une dystopie avec une surveillance policière très poussée dans le style de 1984 ou Farhenheit 451. On est donc aussi confronter aux différents dangers d'une dictature mais surtout à la passivité des individus contrôler par ce système totalitaire qui acceptent un peu tout sans se poser de questions par rapport aux ordres donnés.

L'intrigue est plutôt lente car il n'y a pas vraiment d'actions mais on y sent une atmosphère pesante, lente et sans vie, semblable à ce que vivent les habitants de cette île. C'est très envoutant et on se sent plonger dans cette torpeur sourde et fascinante qui rythme la vie. Malgré la lenteur, j'ai trouvé ça très prenant, presque hypnotisant. C'était à la fois étrange, angoissant et poétique ! Un mélange détonnant mais qui a plutôt bien fonctionné sur moi.

Le plus angoissant, c'est cette passivité des villageois, cette peur qui s'instille dans leur être face à cette police de la mémoire, cette fatalité qui fait suite à l'annonce d'une nouvelle disparition de souvenir. C'est vraiment bluffant à quel point l'histoire m'a envoutée à travers cette ambiance.

Il y des passages tristes et j'ai quasiment failli pleurer ! C'est probablement dû à l'attachement étonnamment fort que j'ai éprouvé pour certains personnages, notamment le vieux monsieur qui est mon préféré ! *protect him at all cost*

Le récit est construit de manière assez intelligente car on a affaire à un récit imbriqué dans un autre récit. En gros, on suit l'histoire principale et le roman qu'écrit le personnage principal. C'était vraiment intéressant de voir comment les deux trames narratives finissaient par se recouper.

Le point qui m'a un peu déçu, c'est qu'on n'apprend pas le "pourquoi du comment" de ce régime totalitaire et de cette police. C'est vrai qu'en lisant de la SF, on a tendance à s'attendre à un peu plus de réponse que ça et là on est complètement laissé dans l'ignorance. J'ai trouvé ça assez frustrant ! Et c'est pour ça que la note n'est pas plus haute.

Cependant ça reste un très bon roman, bien construit avec une idée de départ vraiment captivante et intéressante. L'ambiance reste le gros point fort du roman à mes yeux. 

Je ne suis vraiment pas sûre que ce roman soit pour tout le monde mais si vous êtes prêts à vous laisser porter par une dystopie onirique, à l'ambiance étrange, et que le style plutôt lent, assez typique de la littérature japonaise, vous plait, vous devriez être séduits !


Ma note :

16/20


Infos complémentaires :

Genre : Science-Fiction
Editions : Pantheon Books
Titre original : Hisoyaka na kesshô (1994)
Traduction : Stephen Snyder
Date de parution : 2019
Nombre de pages : 274

Une version française existe aux éditions Babel, traduite par Rose-Marie Makino, sous le titre Cristallisation secrète.

lundi 8 février 2021

Dossier Obsidio | Jay Kristoff & Amie Kaufman


Tome 3 de Illuminae


Résumé : 

Rebelles comme Kady, Ezra, Hanna et Nick, ou simple officier enrôlé par BeiTech comme Lindstrom, réfugiés à bord du vaisseau Mao ou résistants sur la planète Kerenza...

Tous attendent l'ultime combat.
 
Mais personne n'imagine un instant comment Aidan, l'intelligence artificielle la plus imprévisible de l'espace, a décidé de jouer le dernier coup de la partie.


Extrait : 


RETRANSCRIPTION DU TRIBUNAL DES ATU PROCÈS KERENZA, 97e jour

Procureur général : Gabriel Crowhurst, B.S.A., M.F.S., J.D.
Premier avocat de la défense : Kin Hebi, B.S.A., A.R.P., J.D.
Tribunal : Hua Li Jun, B.S.A., J.D., M.D., Saladin Al Nakat, B.S.A., J.D., Shannelle Gillianne Chua, B.S.A., J.D., O.K.T.
Témoins : Leanne Frobisher, directrice générale, BeiTech Industries, M.B.A., docteure ès lettres
Date : 11/04/76
Heure : 13 h 06

Suite de la page 1172

Crowhurst, G. : Nous pouvons peut-être reprendre le procès ? Mademoiselle Donnelly, votre connexion vidéo fonctionne ?

Donnelly, H. : Nous vous voyons, maître.

Crowhurst, G. : Je vous remercie de vous être rendue disponible pour nous aujourd'hui. Veuillez décliner votre nom, prénom et profession.

Donnelly, H. : Hanna Alima Donnelly. Je n'ai pas vraiment de profession. Mon père, Charles Donnelly, était le commandant de la station de saut Heimdall.

Al Nakat, S. : Mademoiselle Donnelly, le tribunal tient à vous rappeler une fois encore que le témoignage à distance est un privilège et non un droit. Il est désormais évident que votre groupe Illuminae a le goût du spectacle. Si cette audience se transforme en mélodrame, ou pire, en farce, je n'hésiterai pas à la suspendre. Est-ce que c'est compris ?

Donnelly, H. : C'est compris, Votre Honneur. 

Crowhurst, G. : Mademoiselle Donnelly, vous avez prêté serment. Êtes-vous consciente des peines encourues en cas de faux témoignage devant un tribunal des Autorités des Terraplanètes Unifiées ?

Donnelly, H. : Je suis sûre que je pourrai demander conseil aux avocats de Leanne Frobisher. J'imagine qu'ils l'ont mise en garde avant son petit sketch à la barre des témoins.

Hebi, K. : Objection ! 

Donnelly, H. : Salut, Leanne. Joli tailleur. Feeney Couture, c'est ça ?

Frobisher, L. : [inaudible]

Hebi, K. : Mesdames et messieurs les juges...

Al Nakat, S. : Mademoiselle Donnelly, c'est précisément le genre de commentaire que je ne tolérerai pas aujourd'hui. Adressez-vous uniquement aux membres de ce tribunal ou aux avocats si vous ne voulez pas que je vous déclare coupable d'outrage à magistrat. Est-ce clair ?

Donnelly, H. : Limpide, Votre Honneur.

Crowhurst, G. : Mademoiselle Donnelly, le tribunal a déjà étudié la première et la deuxième partie des dossiers Illuminae, concernant l'invasion initiale de Kerenza IV par BeiTech Industries...

Hebi, K. : Objection. La responsabilité de BeiTech Industries n'a pas été démontrée dans cette prétendue invasion.

Chua, S. : Objection retenue.

Crowhurst, G. : Mes excuses. La "prétendue" invasion, donc. Nous avons passé en revue des documents retraçant l'affrontement entre le Lincoln et l'Alexander, puis la "prétendue" prise d'otages de la station de saut Heimdall opérée par les agents spéciaux de BeiTech, et enfin la réapparition du vaisseau scientifique du CWU, l'Hypatia.

Donnelly, H. : Sans oublier le moment où l'univers a failli exploser. Deux fois.

Extrait de RETRANSCRIPTION DU TRIBUNAL DES ATU PROCÈS KERENZA, 97e jour.


Mon avis : 

Dernier livre d'une superbe saga de science-fiction innovante dans sa forme. J'ai encore une fois passé un très bon moment en compagnie de ces personnages et de cette histoire. Le format de "mixed-media" est toujours aussi intéressant et change de l'ordinaire. 

Bien que ce fut une lecture très agréable, je pense que c'est une bonne chose que la saga s'arrête ici. Les schémas narratifs entre les différents tomes sont très similaires et ça finit par devenir un peu lassant, notamment sur la trame narrative des romances. Ça fait un peu "déjà-vu" et vraiment, un de plus, je ne pense pas qu'on l'aurait supporter

Par contre, ça se dévore toujours autant ! Je l'ai lu en à peine un weekend alors que je ne suis pas franchement rapide (pour pas dire que je suis lente...). Et c'est quand même un sentiment satisfaisant de voir les pages défilées ainsi et d'être happé par l'histoire. 

J'étais bien contente de vraiment retrouver les personnages de Kady et Ezra (que l'on découvre dans le premier tome) car ce sont mes préférés. J'ai un peu plus de mal avec Hannah même si, on va pas se mentir, elle est super badass. Mais je n'arrive juste pas à m'attacher à elle, comme j'ai pu le faire avec Kady et Ezra. J'aime bien les personnages secondaires ou du moins, j'aime bien en détester certains (coucou Garver)! J'aime aussi beaucoup Aidan, l'intelligence artificielle, même si vraiment, des fois, il me fait flipper...

J'aime toujours autant que les personnages aient du répondant et que malgré leur jeune âge, ils défoncent tout et font leur maximum pour sauver tout le monde, ou du moins, le plus de monde possible. 

Malgré une trame narrative un peu recyclée, certaines scènes m'ont vraiment tenue en haleine et m'ont fait complètement prise par surprise et je n'arrivais pas à croire ce qui venait de se passer. Il y a toujours beaucoup de retournements dans cette saga, certains qu'on voit un peu venir et d'autres qui nous surprennent.

C'est un tome qui conclut bien la saga, on voit les différents éléments des tomes passés se mettre en place et c'est plutôt chouette de voir les choses complètement résolues. La fin est pas mal avec un peu de suspense et beaucoup d'actions !

C'est vraiment une saga divertissante et entraînante que nous propose les deux auteurs, comme souvent lorsqu'ils travaillent ensemble. Cependant je pense que le premier tome de la trilogie reste le meilleur. N'hésitez pas à vous lancer dans cette saga innovante et captivante, vous ne le regretterez pas !


Ma note :

17/20


Infos complémentaires :

Genre : Science-Fiction, Young Adult
Editions : Casterman
Titre original : The Illuminae Files, book 3: Obsidio (2018)
Traduction : Corinne Daniellot
Date de parution : 2018
Nombre de pages : 631

dimanche 7 février 2021

To be taught, if fortunate | Becky Chambers



Résumé : 

In her new novella, Sunday Times best-selling author Becky Chambers imagines a future in which, instead of terraforming planets to sustain human life, explorers of the solar system instead transform themselves.

Ariadne is one such explorer. As an astronaut on an extrasolar research vessel, she and her fellow crewmates sleep between worlds and wake up each time with different features. Her experience is one of fluid body and stable mind and of a unique perspective on the passage of time. Back on Earth, society changes dramatically from decade to decade, as it always does.

Ariadne may awaken to find that support for space exploration back home has waned, or that her country of birth no longer exists, or that a cult has arisen around their cosmic findings, only to dissolve once more by the next waking. But the moods of Earth have little bearing on their mission: to explore, to study, and to send their learnings home.

Carrying all the trademarks of her other beloved works, including brilliant writing, fantastic world-building and exceptional, diverse characters, Becky's first audiobook outside of the Wayfarers series is sure to capture the imagination of listeners all over the world. 

Voici une traduction personnelle du résumé ci-dessus :


Extrait : 

If you read nothing else we’ve sent home, please at least read this. I ask knowing full well that this request is antithetical to what I believe in my heart of hearts. Our mission reports contain our science, and the science is by far the most important thing here. My crew and I are a secondary concern. Tertiary, even.

But all the same, we do have a lot riding on someone picking this up.

You don’t have to rush. This file will have taken fourteen years to reach Earth, and assuming that we have the good luck of someone reading it right away and replying straight after, it’d take that file another fourteen years. So, while we can’t wait around forever, the urgency – like so many things in space travel – is relative.

You could, I suppose, skip right to the end. You wouldn’t be the first person to do such a thing, and honestly, that’s where the bit that affects us most will be laid out. And maybe, if you already know who we are and what we’re about – if you’re someone who sent us here, perhaps – you can do that and still understand. But even if that’s the case, I do think the why of what we need from you is important. I’m biased, of course, and doubly so: Not only is this account about me and my crew, but we’re scientists. We live and breathe why.

It’s been fifty years since we left Earth, and I don’t know whose eyes or ears this message has reached. I know how much a world can change within the bookends of a lifetime. Causes shift and memories blur. I also don’t know how much you personally know of the universe beyond our home planet. Perhaps you’re one of the knowledgeable sorts I’ve already mentioned, who can rattle off spaceflight history better than even I can and who shares the same goals as me. Or perhaps you’re someone who lives outside my bubble. Perhaps this is all new to you. When I use words like ‘exoplanet’ or ‘red dwarf’, do you know what I mean? This is not a test, and I absolutely do not judge if terms such as these mean nothing to you. On the contrary, I want to speak to you as much as I want to speak to my peers – maybe even more so. If I ask what I’m asking only of people who agree with me at the outset, with whom I already share a dream and a language, then there’s no point in asking at all.

For this reason, I’ll do my best to speak to expert and novice both. I likewise feel it important to start from the beginning, so that the context of our situation is clear. I doubt what I write will be objective. I will almost certainly contradict myself.

I do promise that I’ll tell the truth.

My name is Ariadne O’Neill, and I’m the flight engineer aboard the OCA spacecraft Merian. My crewmates are mission specialists Elena Quesada-Cruz, Jack Vo, and Chikondi Daka. We’re part of the Lawki program, a broad ecological survey of exoplanets – that is, planets that do not orbit our sun – known or suspected to harbour life. Our mission (Lawki 6) is focused on the four habitable worlds in orbit around the red dwarf star Zhenyi (BA-921): the icy moon Aecor, and the terrestrial planets Mirabilis, Opera, and Votum. I’m currently stationed on the surface of the last on that list.

I was born in Cascadia on July 13, 2081. On that day, it had been fifty-five years, eight months, and nine days since a human being had been in space. I was the two-hundred-and-fourth person to go back, and part of the sixth extrasolar crew. I’m writing to you in the hope that we will not be the last.

Voici une traduction personnelle de l'extrait ci-dessus :


Extrait de Please Read this.


Mon avis : 

Un superbe roman de science-fiction "feel good". C'est extrêmement bienveillant et surtout doux, dans le rythme, dans les personnages, dans les actions. C'était tellement différent de ce que j'ai l'habitude de lire en science-fiction, c'en était assez déroutant !

Le roman (ou plutôt la novella étant donné son petit nombre de page) se présente sous la forme d'un rapport d'exploration envoyé par l'équipe d'astronautes/explorateurs que l'on suit à la Terre, dans le but de leur expliquer leurs découvertes et leurs réflexions et décisions. C'est percutant, plein d'espoir et très beau, que ce soit l'histoire en elle-même ou la plume de l'autrice.

En plus d'être feel-good, l'histoire permet réellement de se questionner sur les sciences, sur l'exploration de l'espace et sur le comportement colonisateur lié à l'idée de trouver une nouvelle planète sur laquelle la vie est possible. Dans cette histoire, la recherche et l'observation de planètes possédant une forme de vie ne cherchent qu'à améliorer les connaissances des hommes et, avec un peu de chance, à apprendre quelque chose de nouveau (d'où le titre...).

L'histoire se déroule assez lentement, il n'y pas vraiment d'actions et c'est principalement contemplatif. C'est bien sûr dû au format "rapport" qui permet de présenter les faits et d'apporter une réflexion dessus a posteriori. On suit donc purement des scènes d'exploration "bienveillante", de recherche, d'observation. Et c'est aussi cette lenteur qui crée cet environnement si doux, calme et bienveillant.

Ce qui fait vraiment ce bouquin, au-delà de la superbe prose de Chambers, ce sont les personnages. Je les ai adoré. Ils sont attachants et paraissent si authentiques ! C'est fou de réussir à créer des personnages si réalistes et captivants en si peu de pages. En plus de ça, l'autrice propose une belle diversité, notamment au niveau du genre et de la sexualité de ses personnages. Et ce qui est vraiment agréable, c'est que ce sont justes des faits, ce n'est pas discuté, ce n'est pas un trait de caractère. C'est juste là, c'est dit, et ce n'est pas un moyen de faire avancer l'histoire, c'est juste une réalité, et oh mon dieu, que c'est bien d'avoir ce genre de représentation !

Un autre point que j'ai beaucoup apprécié et qui est lié aux personnages, c'est les émotions que l'on partage avec eux et notamment la joie "naïve" et authentique qu'ils ressentent en découvrant et observant de la vie sur les planètes ! Et vraiment, c'est impossible de ne pas sourire bêtement devant son livre en lisant ces passages.

De manière générale, j'ai trouvé l'histoire très bien écrite et bien construite. La plume de Chambers nous porte de page en page avec douceur et émotion. C'était très agréable à lire. 

Un petit point qui m'a déçu mais qui n'a rien à voir avec l'œuvre en elle-même mais le format dans laquelle je l'ai lue : un ebook. Les pourcentages qui informent de l'avancement de l'histoire m'affirmait qu'il me restait 15% de lecture. Sauf, qu'en réalité, il me restait à peine 5 pages et ça m'a gâchée la fin car elle est arrivée bien plus vite que ce à quoi je m'attendais... Merci pas les éditeurs de mettre 20 000 trucs inutiles pour vous faire de la promotion à la fin de vos ebooks... Du coup, c'est vraiment dommage car je me suis beaucoup moins bien imprégnée de cette superbe fin...

Au final, c'était vraiment une très belle histoire de science-fiction et on n'est pas passé loin du coup de cœur ! Je conseille fortement à tous les amateurs du genre.


Ma note :

17/20


Infos complémentaires :

Genre : Science-Fiction
Editions : Hodder & Stoughton
Date de parution : 2019
Nombre de pages : 160

Une version française existe aux éditions L'Atalante (La Dentelle du cygne) sous le titre Apprendre, si par bonheur, traduite par Marie Surgers.

Terres de Glace | Cassandra O'Donnell


Tome 5 de Malenfer / Tome 2 de Malenfer, cycle 2 : Terres de magie

ATTENTION L'ARTICLE PEUT CONTENIR DES SPOILERS !

Résumé : 

Alors que leurs amis ont été kidnappés dans la destruction de Wallangar, Zoé et Gabriel se sont réfugiés en Terres Magiques. Déterminés à combattre de redoutables ennemis, ils doivent maîtriser leurs pouvoirs. Mais au moment où ils en ont le plus besoin, des alliés très proches s’apprêtent à les trahir...


Extrait : 

— Non ! Non ! Non ! Je t’ai dit non ! hurla Zoé tandis que son frère la poussait d’une main ferme vers le dragon.

Gabriel leva les yeux au ciel.

— Tu ne risques rien. Elzmarh m’a promis de faire bien attention !

Zoé croisa le regard de la bête et frémit. Elle la dévisageait d’un air peu rassurant.

— Tu plaisantes ? Il me déteste !

Gabriel soupira. Les relations entre son dragon et sa jeune sœur n’étaient pas des plus simples, il devait bien le reconnaître. 
Pas seulement parce qu’ils ne se faisaient pas confiance, mais aussi et surtout parce qu’ils se redoutaient mutuellement et qu’ils étaient, pour des raisons différentes, liées à la nature même de leurs pouvoirs, aussi dangereux et imprévisibles l’un que l’autre.

— Mais non, il ne te déteste pas.

Zoé lui lança un regard signifiant clairement : « Cesse de mentir, je ne te crois pas. »

Gabriel esquissa un sourire.

— Tu lui fais seulement un peu peur, c’est tout.

Elzmarh, qui ne perdait pas une miette de leur conversation, poussa un grognement de contrariété. Bien sûr que Zoé était dangereuse. Toutes les Diseuses l’étaient. Et quand la magie les submergeait, ni les éléments, ni les dragons, ni personne ne pouvaient leur résister. Elles étaient les créatures magiques les plus puissantes de ce monde. Mais ce n’était pas une raison pour révéler à Zoé la crainte que cette jolie petite fille frêle et blonde lui inspirait. Ah ça non ! sûrement pas ! C’était bien trop vexant.

— Peur ? Tu plaisantes ?! Tu l’as vu ? C’est moi qui devrais avoir peur ! se récria Zoé en montrant la bête du doigt.

Mesurant près d’une trentaine de mètres, la peau entièrement recouverte d’écailles noires, les griffes aussi longues et acérées que la lame d’une épée, le dragon des ténèbres était terrifiant.

— Zoé, si tu n’apprends pas à le chevaucher, il ne pourra pas t’emmener auprès d’Haya l’ancienne pour suivre ta formation, répondit patiemment Gabriel.

D’après Batavius, le sorcier-lune de Gazmoria, le clan des Diseuses s’était éteint depuis bien longtemps. Elles avaient toutes disparu des terres magiques à l’exception d’« Haya l’ancienne », la plus âgée et la plus puissante d’entre toutes. Nul ne connaissait son âge exact mais le maître des dragons affirmait qu’elle était une vieille femme alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Or, Batavius allait bientôt fêter ses huit cents ans.

— C’est bien ce que tu voulais, non ?

Non, quitter son frère et ses compagnons n’était pas ce que Zoé désirait, mais elle n’avait pas le choix. Elle avait tué des dizaines de sorcières et de sourciens dans les marais de Houquelande sans en garder le moindre souvenir. Plus préoccupant encore : elle ne s’était pas seulement attaquée à ses ennemis mais aussi à ses amis en les soumettant eux aussi au pouvoir de la voix. Bref, elle s’était révélée presque aussi dangereuse pour ses alliés que pour ceux qu’elle combattait. Il lui fallait donc trouver quelqu’un capable de l’aider à contrôler ses pouvoirs. Quelqu’un qui connaissait suffisamment sa magie pour lui apprendre à la maîtriser, quelqu’un capable de lui prodiguer conseils et savoir. Autrement dit, elle avait besoin de l’enseignement d’« Haya l’ancienne ».

Extrait du chapitre 1 : Premier vol


Mon avis : 

Quel plaisir de retourner dans cette saga jeunesse ! Je trouve que les tomes deviennent de plus une plus sombres et que les dangers sont de plus en plus menaçants et importants, et c'est toujours aussi addictif !

On constate vraiment une évolution au sein de l'intrigue mais aussi au niveau des personnages. Je les trouve personnellement toujours aussi délicieux et j'ai franchement apprécié voir leur personnalité se développer au fur et à mesure des épreuves qu'ils traversent. Les pouvoirs des deux élus ne cessent de se développer et deviennent malheureusement de plus en plus dangereux pour leurs ennemis, mais aussi pour leurs amis, ce qui est assez intéressant à suivre.

C'est un cinquième tome avec pas mal d'actions et surtout de grosses révélations ! J'ai beaucoup aimé cet aspect-là qui est d'ailleurs renforcé par le fait que Gabriel et Zoé, nos deux personnages principaux, sont séparés dans ce tome-ci. On suit donc deux aventures en parallèles. En tant que lecteurs ont à donc droit à plus de réponses que les personnages principaux. 

C'est vraiment toujours aussi agréable de se laisser porter par l'histoire et par la plume de Cassandra O'Donnell. Elle nous mène avec brio dans cette quête initiatique au coté de personnages attachants et puissants qui font tout ce qu'ils peuvent pour gérer la situation avec toutes les responsabilités "d'élus de la prophétie" qui leur sont tombé dessus. 

C'est une belle histoire d'amitié, de magie et de découverte de soi ! Bref un tome dans la continuité des précédents. C'est vraiment le genre de saga dans laquelle on trouve toujours les tomes trop courts car l'histoire est trop entraînante ! C'est une vraie réussite qui me donne envie de me plonger dans la suite. Une saga qui saura conquérir le cœur des petits comme des grands ! 


Ma note :

16/20


Infos complémentaires :

Genre : Fantasy, Jeunesse
Editions : Flammarion (Jeunesse)
Date de parution : 2018
Nombre de pages : 276

mercredi 3 février 2021

Yesterday I was the moon | Noor Unnahar

 


Résumé : 

yesterday i was the moon centers around themes of love and emotional loss, the catharsis of creating art, and the struggle to find one's voice. Noor's poetry ranges from succinct universal truths to flowery prose exploring her heritage, what it means to find a physical and emotional home, and the intimate and painful dance of self-discovery. Her poetry and art has already inspired thousands of fans on Instagram to engage with her words through visual journal entries and posts of their own, and her fan base only continues to grow.

Voici une traduction personnelle du résumé ci-dessus :

Yesterday i was the moon [hier, j’étais la lune] tourne autour des thèmes de l’amour  et de la perte émotionnelle, la catharsis à travers la création artistique, et la difficulté à trouver sa propre voix. La poésie de Noor va des vérités universelles succinctes à une prose fleurie explorant son héritage, ce que signifie trouver son refuge physique et émotionnel, et la danse intime et douloureuse de la découverte de soi. Sa poésie et ses dessins ont déjà inspiré des centaines de fans sur Instagram à jouer avec ses mots à travers des dessins dans leurs journaux et des posts, et sa fan-base ne cesse de grandir.


Extrait : 

yesterday—i was the moon
today—just an eclipse
something in me travels; some days it’s to
the dark
some days it’s to
the light



i am building
a house

where the floor is
made up of strength
where the walls are
crafted of ambition
where the roof is
a masterpiece of forgiveness

i am building
myself



my mother’s name
translates into
the sun of the women
she named me
noor unnahar
light of the day
i shine when i want to
i burn when i have to
the sun named me light; i know
how to dwell in the sky
with eclipses and stars

{shams un-nisa}

Voici une traduction personnelle de l'extrait ci-dessus :

hier – j’étais la lune
aujourd’hui – juste une éclipse
quelque chose en moi voyage : certains jours c’est
vers les ténèbres
certains jours c’est
vers la lumière



je construis
une maison

dans laquelle le sol est
fait de force
dans laquelle les murs sont
faits d’ambition
dans laquelle le toit est
un chef-d’œuvre de pardon

je construis
mon moi



le nom de ma mère
se traduit en
le soleil des femmes
elle m’a appelée
noor unnahar
lumière du jour
je brille quand je le veux
je brûle quand je le dois
le soleil m’a appelée lumière ; je sais
comment vivre dans le ciel
avec des éclipses et des étoiles

{shams un-nisa}


Extrait de yesterday I was the moon (trois premiers poèmes)


Mon avis : 

J'ai trouvé ce recueil de poèmes somme toute plutôt réussi et surtout touchant. L'écriture est simple mais pourtant percutante ! Elle crée une atmosphère très intimiste en mon sens. Les mots de la poétesse dégagent aussi une réelle honnêteté et authenticité, c'est indéniablement touchant d'être confronté à de tels sentiments de véracité. 

J'ai trouvé les thèmes abordés très variés et j'ai apprécié cette diversité qui permet vraiment de s'identifier à ses expériences personnelles traduites dans ses poèmes. Elle y parle de confiance en soi, d'estime de soi et de découverte de soi mais aussi des "bagages culturels" propres à chacun qu'on emmène partout avec soi, de la religion musulmane, de l'art. Bref une grande variété de sujets tous aussi intéressants les uns que les autres.

C'est un recueil "own voice" et, bien que complètement athée, j'ai trouvé les poèmes sur la religion très beaux. 

De manière générale, je trouve qu'il se dégage une grande douceur de ces poèmes, créant quelque chose de très réconfortant, comme une sorte de câlin à travers les mots. L'autrice a aussi su transmettre cette force d'empowerment qui donne envie de se tenir bien droit sur ses deux jambes et de montrer à la terre entière de quoi on est capable 

La forme du recueil donne l'impression d'entrer dans un journal intime illustré par des photos et des dessins. Bien que je n'ai pas apprécié tous les supports illustrés, j'ai tout de même été charmée par certains !

C'est pour moi, une plutôt belle réussite que ce premier recueil de poèmes de Noor Unnahar ! Si vous aimez les œuvres de Rupi Kaur, je pense que vous saurez aussi apprécié cette collection de poèmes.


Ma note :

16/20


Infos complémentaires :

Genre : Poésie
Editions : Clarkson Potter
Date de parution : 2018
Nombre de pages : 160

samedi 16 janvier 2021

The Other Side of the Sky | Amie Kaufman & Meagan Spooner


 Tome 1 de The Other Side of the Sky


Résumé : 

Two worlds, two hearts and a choice that will shape their fate forever.

Janus is a world divided: above the surface float the gleaming sky-cities held aloft by massive, technologically advanced engines. In the shadows beneath is an older, darker world, full of flooded byways and ancient temples governed by magic and faith.

When Prince North of Ciel falls from the sky in a terrible glider malfunction, one person sees his fiery descent like a falling star: Nimh, a goddess incarnate, searching for a way to save her struggling people. His fall fulfils an ancient prophecy in the world Below, and the two strike up a wary alliance – Nimh, so that she can fulfil her destiny and save her people, and North so that he can return to the other side of the sky and take his place as heir to the throne.

As North struggles to believe in the superstition and spellcraft rampant on the world’s surface, Nimh discovers a terrifying truth about the prophecy binding them together: that North’s fall may foretell the end of both worlds. With renegade magicians and fanatic cultists out for Nimh’s blood, and the ever-looming question of whether North’s fall was accident or betrayal, the two must stay alive long enough to seek the truth about both their worlds. Forbidden by divine law to touch, but bound together by fate and the increasingly strong pull of their own hearts, they forge a path together toward the fate of the world: to save it, or to end it.

Voici une traduction personnelle du résumé ci-dessus :


Extrait : 

The floating market takes shape amid a flutter of torches and spellfire, each pinprick of light tailed by its glittering reflection in the river beneath. The sun is still below the horizon, though hints of peach and copper streak the underside of the cloudlands, hanging far above the clutter of our market. Monstrous shadows slip from the predawn gloom, gliding with the current toward the growing city upon the water, only to reveal themselves as houses and workshops, food stalls and vendors’ platforms.

I used to watch the floating market arrive every month. Riverfolk from leagues away converge upon the floodplains below the temple, steering their homes by sail and oar and pole across the broad, slow river as it spills over its banks into the forest-sea. In mere hours, the gentle curve of the river becomes a bustling city, each solitary barge of reeds joining together in a single teeming, intricate whole. It has always thrilled me, watching the transformation of my world—but every time, the thrill pales a little more against the torture of not being able to enjoy the market with the rest of my people.

This is the first time I’ve been on the river during the mooring in years. The view from the temple sanctum is quiet and remote—from there I cannot smell the charcoal and peat as the cooks and bakers heat their ovens, cannot hear the laughter of the children still too young to help their parents with the ropes, cannot feel the pulsing syncopation of feet and currents shifting the floating market streets underfoot.

My memories before the temple are dim at best, but once I was one of those children. The smell of grilling meat and spice bread meant I would get a treat if I was well behaved; the laughter was the sound of my friends calling me to join them at play; and the footsteps that pounded up and down the thick reed streets were mine. Some years back, I tried sneaking into the market in a handmaiden’s borrowed clothing. But whatever ease and safety I’d felt as a child in this place had long since bled away—I barely made it down one street before the crowds pressed in so close that I had to flee, straight into the panicked protection of the guards searching for me.

Now, I’m alone.

Voici une traduction personnelle de l'extrait ci-dessus :


Extrait du chapitre 1 - Nimh 


Mon avis : 

J'ai lu ce roman dans le cadre du bookclub de Ezeekat. J'ai des sentiments un peu partagés sur ce roman... D'un côté, je le trouve très réussi et, de l'autre, sans y trouver vraiment de longueurs, je l'ai trouvé un peu long. 

J'ai été complètement charmée par l'univers, par le système de magie qu'on trouve sur cette planète. J'ai adoré en découvrir plus sur les prophéties et les divinités du monde d'en bas. La dualité présentée entre le monde de North, dans le ciel, très avancé technologiquement et celui de Nimh, entièrement basé sur la magie et qui pense que le monde de North est le monde des Dieux. Le monde de Nimh a l'air plutôt hostile mais on comprend peu à peu pourquoi grâce à la prophétie entourant la divinité. J'ai hâte de découvrir le monde de North en profondeur dans le prochain tome. Les mondes et leurs histoires sont vraiment très bien construites et j'ai vraiment apprécié en apprendre plus sur tous les aspects de la religion et de la magie du monde de Nimh.

J'ai absolument adoré le personnage de North, prince d'en haut. Il est tellement gentil et il essaye vraiment de comprendre et de faire attention aux autres, à leurs coutumes et leur culture alors que tout les oppose, lui et les habitants de ce monde. J'ai malheureusement moins accroché au personnage de Nimh, déesse d'en bas. Elle était tout de même intéressante à suivre et les dilemmes auxquels elle doit faire face sont plutôt intrigants et complexes. Je l'a trouve tout simplement beaucoup moins attachante que North, même si, j'ai commencé à plus l'apprécier vers la fin du roman.

C'est un roman où il se passe beaucoup de choses tout en prenant vraiment son temps pour développer son intrigue et son univers. Et j'ai donc eu un sentiment assez bizarre concernant le rythme du livre... J'étais extrêmement attachée aux personnages et je voulais passer du temps avec eux mais pourtant, des fois, j'avais un peu l'impression de m'ennuyer. Mais je ne ressentais néanmoins pas de longueurs en tant que telles dans l'écriture ou même dans l'intrigue. C'était donc un peu bizarre...

Un point extrêmement positif est la diversité présentée dans le roman. Les orientations sexuelles et amoureuses sont variées, l'idée du "couple" est remis en question. Et chaque "différence" n'est pas discutée mais acceptée comme allant de fait, et ça c'est vraiment super de voir des personnages dont le genre et la sexualité existe simplement, sans remise en question perpétuelle de sa légitimité par la société. C'était rafraîchissant !

La fin était folle ! Il se passe des tonnes de choses et j'ai été vraiment très surprise de la fin. J'arrêtais pas de me dire : "Non... Nooooon ?! Mais, c'est pas possible ?!". C'était très chouette de finir sur une note aussi inattendue. J'ai aussi développé une centaine de théorie sur chacun des personnages, sur des complots possibles et sur les prophéties, de quoi rendre fou car il va falloir attendre encore un moment avant la sortie du tome 2. J'ai donc plutôt hâte de découvrir comment va se dérouler la suite de l'histoire 

Somme toute c'était un plutôt bon roman de fantasy avec un univers extrêmement bien construits et des personnages plutôt attachants mais je suis tout de même loin du coup de cœur... Ce n'est pas mon préféré de l'autrice Amie Kaufman, que je commence à avoir bien découvert, mais je suis heureuse de l'avoir lu en duo avec Meagan Spooner que je ne connaissais pas du tout.


Ma note :

16/20


Infos complémentaires :

Genre : Fantasy, Young Adult
Editions : HarperTeen
Date de parution : 2020
Nombre de pages : 480

Le Fauteuil d'Argent | C. S. Lewis

 Tome 6 des Chroniques de Narnia

ATTENTION, L'ARTICLE PEUT CONTENIR DES SPOILERS !


Résumé : 

Pour Jill et Eustache, la vie est dure à l'école expérimentale! Un jour, voulant échapper à des élèves qui les brutalisent, les enfants ouvrent la petite porte du jardin. Au lieu de la lande morne et grise, ils découvrent une contrée radieuse, le pays d'Aslan, le grand lion. Celui-ci leur confie une mission: retrouver Rilian, prince héritier de Narnia, enlevé des années plus tôt par un horrible serpent...


Extrait : 

C’était un morne jour d’automne et Jill Pôle pleurait derrière le gymnase.

Elle pleurait parce qu’on l’avait brutalisée. Ce livre ne raconte pas une histoire d’école, j’en dirai donc le moins possible sur celle de Jill, qui n’est pas un sujet agréable à évoquer. C’était un établissement pour garçons et filles, ce que l’on appelle d’habitude une école mixte. Certains disaient que, en fait, ce qu’il y avait de plus mixte, et de loin, ce n’étaient pas les élèves, mais les idées de ceux qui étaient chargés de leur éducation. Ces gens-là s’étaient mis en tête qu’on devrait laisser les enfants faire ce qui leur plaisait. Et ce qui plaisait à une dizaine ou une quinzaine d’entre eux, les plus costauds, c’était malheureusement de persécuter les autres, il se passait sans cesse dans cette école toutes sortes de choses horribles, auxquelles, dans un établissement ordinaire, on aurait mis bon ordre en moins d’un trimestre. Mais pas dans cette école-là. Les coupables n’étaient ni renvoyés ni punis. Le proviseur disait que c’étaient des cas psychologiques intéressants, les convoquait et leur parlait pendant des heures. Et, si on savait bien quel genre de choses il fallait lui dire, on ne tardait pas à devenir un de ses chouchous, plutôt que l’inverse.

C’était pour cela que Jill Pôle pleurait en ce morne jour d’automne, sur le petit sentier détrempé qui courait entre l’arrière du gymnase et le bosquet. Elle pleurait encore quand un garçon tourna au coin du bâtiment en sifflotant, les mains dans les poches. Il faillit lui rentrer dedans.

— Tu ne peux pas regarder où tu vas lui dit Jill Pôle.

— Ça va, répondit le garçon. Tu ne vas pas commencer…

Puis il remarqua la tête qu’elle faisait.

— Dis-moi, Pôle, qu’est-ce qui se passe ? lui demanda-t-il.

Jill ne put qu’esquisser des grimaces, du genre de celles que l’on fait quand on essaie de dire quelque chose et qu’on se rend compte que si on commence à parler, on va se remettre à pleurer.

— Ce sont eux, je suppose… comme d’habitude, dit le garçon d’un air sombre en enfonçant ses mains au plus profond de ses poches.

Jill acquiesça. Elle n’avait pas besoin de dire quoi que ce fût, même si elle l’avait pu, ils se comprenaient.

— Bon, écoute, lui dit le garçon, ça ne sert à rien que tous, nous… 

Il était plein de bonnes intentions, mais il parlait vraiment comme quelqu’un qui s’apprête à donner des leçons. Jill s’énerva tout d’un coup (ce qui a de bonnes chances de vous arriver si on vous dérange en train de pleurer) :

— Oh ! va-t’en et occupe-toi de tes affaires, dit-elle. Personne ne t’a demandé de t’en mêler, non ? Ça te va bien de nous dicter notre conduite ! Tu veux dire, je suppose, que tout le monde devrait, comme toi, passer son temps à Leur lécher les bottes et à chercher à gagner Leurs faveurs en étant aux petits soins pour Eux!

— Oh ! Bon sang ! s’exclama le jeune garçon.

Il s’assit sur le talus, mais se releva très vite parce que l’herbe était trempée. Il avait le malheur de s’appeler Eustache Clarence Scrubb, mais ce n’était pas un mauvais bougre.

— Pôle ! s’exclama-t-il. Tu trouves ça juste ? Est-ce que, ce trimestre, j’ai fait quoi que ce soit de ce genre ? Est-ce que je n’ai pas tenu tête à Carter à propos du lapin ? Est-ce que je n’ai pas gardé le secret sur Spivvins… Même sous la torture ? Et je n’ai peut-être pas…

— J-j-je ne sais pas et je m’en fiche, sanglota Jill.

Eustache s’aperçut qu’elle n’était pas calmée. Plein de bon sens, il lui offrit un bonbon. Il en prit un aussi. Jill commença à voir les choses sous un meilleur jour.

— Je suis désolée, Scrubb. J’ai été injuste. Tout ça, tu l’as fait… ce trimestre-ci.

— Alors, si tu peux, oublie le trimestre d’avant, lui dit Eustache. J’étais différent. J’étais… dis donc ! Quel type odieux je pouvais être !

— Eh bien, pour être franche, je dois dire que oui.

Extrait du chapitre 1 : Derrière le gymnase


Mon avis : 

Je n'avais pas continué cette saga depuis pas mal de temps et je ne me souvenais plus du tout de ce qui s'était passé précédemment. Heureusement, j'ai pu facilement me replonger dans l'univers. 

Dans ce tome-ci, on retrouve le cousin des Pevensie, Eustache qu'on avait découvert dans le tome précédent. Il est bien plus agréable que dans le début du tome 5, où il était très ronchon. Ici, il est plus mature et plus "combattif", il ne se laisse pas abattre et tente de réussir sa mission coûte que coûte. Il est accompagné par l'une de ses camarades de classe, Jill Pôle, avec qui j'ai eu beaucoup plus de mal. Elle est trop pleurnicheuse à mon goût et ce n'était donc pas très agréable de la suivre. Un Touille-Marais les aide à poursuivre leur quête pour sauver le fils du roi Caspian, Rilian. C'était un personnage très drôle car il ne voit que le pire du pire dans toutes les situations. Ça apporte une petite touche d'humour. 

Petit point négatif, mais qui est dû à l'époque d'écriture de l'œuvre, la vision un peu datée et machiste des femmes... Bon euh, c'est pas terrible comme point de vue, c'est même un peu lourdo. Mais je peux en partie l'excuser, comme je le disais, par l'année de publication, à savoir 1953. Par contre, la même chose dans un roman contemporain, c'est non, non, non !

L'intrigue était sympathique, même si, en tant qu'adulte on voit un peu trop les ficelles, les pièges. J'avais donc deviner la quasi totalité de l'intrigue au fur et à mesure qu'on me dévoilait des petits bouts mais ça restait tout de même agréable à lire. J'aime toujours découvrir un peu plus l'univers et dans celui-ci on est servi car on va même au-delà du territoire de Narnia ! 

J'ai un peu été "choquée" de la fin qui, attention spoiler, consiste tout de même en un lynchage des camarades de classe, certes odieux, de Eustache et Jill... Le début du roman commence par le harcèlement des deux personnages principaux, j'aurais donc préféré que la réponse finale ne soit pas la revanche et la violence...

Bref, c'est pas le roman le plus fin du monde, il est loin d'être parfait, mais ça reste très divertissant et je suis convaincue que cette série est une bonne entrée en matière dans le monde de la fantasy. Les choses sont bien expliquées, le système de magie n'est pas trop loufoque et on s'y repère assez bien que ce soit dans l'intrigue ou dans les personnages.


Ma note :

15/20


Infos complémentaires :

Genre : Fantasy, Jeunesse
Editions : Folio Junior 
Titre original : The Chronicles of Narnia, Book 6 : The Silver Chair (1953)
Traduction : Philippe Morgaut
Date de parution : 2002
Nombre de pages : 255