samedi 16 janvier 2021

Le Fauteuil d'Argent | C. S. Lewis

 Tome 6 des Chroniques de Narnia

ATTENTION, L'ARTICLE PEUT CONTENIR DES SPOILERS !


Résumé : 

Pour Jill et Eustache, la vie est dure à l'école expérimentale! Un jour, voulant échapper à des élèves qui les brutalisent, les enfants ouvrent la petite porte du jardin. Au lieu de la lande morne et grise, ils découvrent une contrée radieuse, le pays d'Aslan, le grand lion. Celui-ci leur confie une mission: retrouver Rilian, prince héritier de Narnia, enlevé des années plus tôt par un horrible serpent...


Extrait : 

C’était un morne jour d’automne et Jill Pôle pleurait derrière le gymnase.

Elle pleurait parce qu’on l’avait brutalisée. Ce livre ne raconte pas une histoire d’école, j’en dirai donc le moins possible sur celle de Jill, qui n’est pas un sujet agréable à évoquer. C’était un établissement pour garçons et filles, ce que l’on appelle d’habitude une école mixte. Certains disaient que, en fait, ce qu’il y avait de plus mixte, et de loin, ce n’étaient pas les élèves, mais les idées de ceux qui étaient chargés de leur éducation. Ces gens-là s’étaient mis en tête qu’on devrait laisser les enfants faire ce qui leur plaisait. Et ce qui plaisait à une dizaine ou une quinzaine d’entre eux, les plus costauds, c’était malheureusement de persécuter les autres, il se passait sans cesse dans cette école toutes sortes de choses horribles, auxquelles, dans un établissement ordinaire, on aurait mis bon ordre en moins d’un trimestre. Mais pas dans cette école-là. Les coupables n’étaient ni renvoyés ni punis. Le proviseur disait que c’étaient des cas psychologiques intéressants, les convoquait et leur parlait pendant des heures. Et, si on savait bien quel genre de choses il fallait lui dire, on ne tardait pas à devenir un de ses chouchous, plutôt que l’inverse.

C’était pour cela que Jill Pôle pleurait en ce morne jour d’automne, sur le petit sentier détrempé qui courait entre l’arrière du gymnase et le bosquet. Elle pleurait encore quand un garçon tourna au coin du bâtiment en sifflotant, les mains dans les poches. Il faillit lui rentrer dedans.

— Tu ne peux pas regarder où tu vas lui dit Jill Pôle.

— Ça va, répondit le garçon. Tu ne vas pas commencer…

Puis il remarqua la tête qu’elle faisait.

— Dis-moi, Pôle, qu’est-ce qui se passe ? lui demanda-t-il.

Jill ne put qu’esquisser des grimaces, du genre de celles que l’on fait quand on essaie de dire quelque chose et qu’on se rend compte que si on commence à parler, on va se remettre à pleurer.

— Ce sont eux, je suppose… comme d’habitude, dit le garçon d’un air sombre en enfonçant ses mains au plus profond de ses poches.

Jill acquiesça. Elle n’avait pas besoin de dire quoi que ce fût, même si elle l’avait pu, ils se comprenaient.

— Bon, écoute, lui dit le garçon, ça ne sert à rien que tous, nous… 

Il était plein de bonnes intentions, mais il parlait vraiment comme quelqu’un qui s’apprête à donner des leçons. Jill s’énerva tout d’un coup (ce qui a de bonnes chances de vous arriver si on vous dérange en train de pleurer) :

— Oh ! va-t’en et occupe-toi de tes affaires, dit-elle. Personne ne t’a demandé de t’en mêler, non ? Ça te va bien de nous dicter notre conduite ! Tu veux dire, je suppose, que tout le monde devrait, comme toi, passer son temps à Leur lécher les bottes et à chercher à gagner Leurs faveurs en étant aux petits soins pour Eux!

— Oh ! Bon sang ! s’exclama le jeune garçon.

Il s’assit sur le talus, mais se releva très vite parce que l’herbe était trempée. Il avait le malheur de s’appeler Eustache Clarence Scrubb, mais ce n’était pas un mauvais bougre.

— Pôle ! s’exclama-t-il. Tu trouves ça juste ? Est-ce que, ce trimestre, j’ai fait quoi que ce soit de ce genre ? Est-ce que je n’ai pas tenu tête à Carter à propos du lapin ? Est-ce que je n’ai pas gardé le secret sur Spivvins… Même sous la torture ? Et je n’ai peut-être pas…

— J-j-je ne sais pas et je m’en fiche, sanglota Jill.

Eustache s’aperçut qu’elle n’était pas calmée. Plein de bon sens, il lui offrit un bonbon. Il en prit un aussi. Jill commença à voir les choses sous un meilleur jour.

— Je suis désolée, Scrubb. J’ai été injuste. Tout ça, tu l’as fait… ce trimestre-ci.

— Alors, si tu peux, oublie le trimestre d’avant, lui dit Eustache. J’étais différent. J’étais… dis donc ! Quel type odieux je pouvais être !

— Eh bien, pour être franche, je dois dire que oui.

Extrait du chapitre 1 : Derrière le gymnase


Mon avis : 

Je n'avais pas continué cette saga depuis pas mal de temps et je ne me souvenais plus du tout de ce qui s'était passé précédemment. Heureusement, j'ai pu facilement me replonger dans l'univers. 

Dans ce tome-ci, on retrouve le cousin des Pevensie, Eustache qu'on avait découvert dans le tome précédent. Il est bien plus agréable que dans le début du tome 5, où il était très ronchon. Ici, il est plus mature et plus "combattif", il ne se laisse pas abattre et tente de réussir sa mission coûte que coûte. Il est accompagné par l'une de ses camarades de classe, Jill Pôle, avec qui j'ai eu beaucoup plus de mal. Elle est trop pleurnicheuse à mon goût et ce n'était donc pas très agréable de la suivre. Un Touille-Marais les aide à poursuivre leur quête pour sauver le fils du roi Caspian, Rilian. C'était un personnage très drôle car il ne voit que le pire du pire dans toutes les situations. Ça apporte une petite touche d'humour. 

Petit point négatif, mais qui est dû à l'époque d'écriture de l'œuvre, la vision un peu datée et machiste des femmes... Bon euh, c'est pas terrible comme point de vue, c'est même un peu lourdo. Mais je peux en partie l'excuser, comme je le disais, par l'année de publication, à savoir 1953. Par contre, la même chose dans un roman contemporain, c'est non, non, non !

L'intrigue était sympathique, même si, en tant qu'adulte on voit un peu trop les ficelles, les pièges. J'avais donc deviner la quasi totalité de l'intrigue au fur et à mesure qu'on me dévoilait des petits bouts mais ça restait tout de même agréable à lire. J'aime toujours découvrir un peu plus l'univers et dans celui-ci on est servi car on va même au-delà du territoire de Narnia ! 

J'ai un peu été "choquée" de la fin qui, attention spoiler, consiste tout de même en un lynchage des camarades de classe, certes odieux, de Eustache et Jill... Le début du roman commence par le harcèlement des deux personnages principaux, j'aurais donc préféré que la réponse finale ne soit pas la revanche et la violence...

Bref, c'est pas le roman le plus fin du monde, il est loin d'être parfait, mais ça reste très divertissant et je suis convaincue que cette série est une bonne entrée en matière dans le monde de la fantasy. Les choses sont bien expliquées, le système de magie n'est pas trop loufoque et on s'y repère assez bien que ce soit dans l'intrigue ou dans les personnages.


Ma note :

15/20


Infos complémentaires :

Genre : Fantasy, Jeunesse
Editions : Folio Junior 
Titre original : The Chronicles of Narnia, Book 6 : The Silver Chair (1953)
Traduction : Philippe Morgaut
Date de parution : 2002
Nombre de pages : 255

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