dimanche 3 janvier 2021

Belle de gris | Ariel Holzl


 Tome 2 des Sœurs Carmines

Résumé : 

Trois semaines séparent Tristabelle Carmine du Grand Bal de la Reine. Trois semaines pour trouver la robe de ses rêves, un masque, une nouvelle paire d’escarpins… et aussi un moyen d’entrer au Palais. Car Tristabelle n’a pas été invitée. Mais ça, c’est un détail. Tout comme les voix dans sa tête ou cette minuscule série de meurtres qui semble lui coller aux talons.

En tout cas, elle ne compte pas rater la fête. Quitte à écumer les bas-fonds surnaturels de Grisaille, frayer avec des criminels, travailler dans une morgue ou rejoindre un culte. S’il le faut, elle ira même jusqu’à tuer demander de l’aide à sa petite sœur. Car Tristabelle Carmine est une jeune femme débrouillarde, saine et équilibrée. Ne laissez pas ses rivales ou ses admirateurs éconduits vous convaincre du contraire. Ils sont juste jaloux. Surtout les morts.


Extrait : 

L’hiver avait transformé Grisaille en sablier glacial : les monceaux de neige qui encrassaient la Haute-Ville finissaient invariablement par crouler jusqu’à la Basse-Ville sous leur propre poids. Les flocons s’écoulaient des toits en traînées souffreteuses, fardant les hauts-de-forme des messieurs, poudrant les bustiers des dames. Les habitants les plus pauvres, ceux qui n’avaient pas les moyens d’adapter leur garde-robe sombre aux frimas, semblaient tous victimes d’effroyables pellicules. Tristabelle Carmine se gaussait de leur allure, drapée d’une pèlerine flambant neuve et d’un sourire mesquin.

« Mesquin » ? Vraiment ?

 Le sourire s’adressait également à une ou deux privilégiées – riches en lys mais pauvres en sens pratique – parées d’atours bien trop clairs pour la saison. La neige les salissait de filaments grisâtres en s’évaporant. Inhabituel pour de la neige, certes, mais les nuages de Grisaille débordaient de cendres. Pas celles – trop denses – recrachées par les hauts fourneaux Forge-Rage ; des cendres plus fines, portées aux cieux par les cheminées des crématoriums. Les particules de glace leur offraient une nouvelle vie, plus élémentaire, presque volcanique. L’occasion de se rappeler aux pauvres diables en contrebas et de ruiner la toilette de quelques prétentieuses.

Aux yeux de Tristabelle, ce n’était que justice : ces cocottes avaient failli à leur « devoir d’avant-garde », une notion issue tout droit de l’esprit détraqué de la jeune fille.

« Détraqué » ? Et puis quoi, encore ?…

Ce devoir d’avant-garde signifiait que lorsque l’on appartenait au grand monde, il fallait le prouver en toute occasion. Sinon, comment le bon goût et la sophistication de l’élite finiraient-ils par déteindre sur les masses ignorantes ? Par orienter leurs décisions, par façonner leurs opinions ? Et, plus important, par améliorer le style de leurs vêtements ?

Une promenade dans la Basse-Ville offensait déjà suffisamment de sens – l’odorat, l’ouïe, le bon sens – pour ne pas y ajouter la vue. Il était donc tout à fait impardonnable d’oser le blanc ivoire pour braver les neiges, quand une nuance de gris perle était tellement plus appropriée. Histoire de faire retenir la leçon aux contrevenantes, Tristabelle aurait volontiers condamné un tel impair de dix d’années aux mines de sel.

Extrait du chapitre 1.


Mon avis : 

J'avais déjà tenté il y a un moment (plus d'un an) de lire ce second tome et cela c'était conclus par un échec. Cette fois-ci, une fois encore, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire en partie à cause du personnage et en partie à cause de l'écriture.

Tristabelle est le personnage le plus pestouille que vous rencontrerez dans votre vie de lecteur. Et c'est malheureusement parfois un peu lourd car le trait semble trop marque. Mais on finit par s'y habituer et surtout à apprécier les remarques cinglantes et irrévérencieuses de l'aînée des sœurs Carmine. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé en apprendre sur sa "génétique" et les raisons de son manque constant d'empathie pour qui que se soit. 

L'écriture, comme je le disais, m'a aussi déstabilisée car assez riche. Cependant elle colle très bien au personnage de Tristabelle car elle rend compte d'une forte personnalité. L'écriture est aussi très différente de celle du tome 1 (et celle du tome 3 j'imagine) car l'auteur prend le temps de bâtir une écriture correspondant à chacune de ses héroïnes. Je trouve que le vocabulaire est plutôt riche pour voir que le livre est marketé comme jeunesse. Entendons-nous là-dessus, c'est clairement destiné à un public jeune ado voire ado.

L'univers est certainement ce qui me plaît le plus dans cette saga. Je le trouve très riche, bien construit et j'ai toujours envie d'en apprendre plus sur les différentes "familles" et leurs pouvoirs.

J'ai trouvé que l'intrigue mettait un peu de temps à se mettre en place et qu'il y avait parfois quelques longueurs. Malgré cela, j'ai bien aimé les rebondissements et les dénouements, et l'histoire m'a paru bien ficelée. J'ai été agréablement surprise par la fin de ce tome et j'ai été plutôt touchée par le dénouement final. 

Bien que ce second tome soit loin d'être un coup de cœur, j'ai passé un agréable moment et j'ai tout de même bien envie de lire le troisième sur la petite dernière, Dolorine, qui a l'air bien barrée !

Au-delà de l'histoire même, j'ai trouvé le format papier assez inconfortable car trop dense ce qui m'a beaucoup fatigué. La version numérique était donc bien plus à mon goût.


Ma note :

15/20


Infos complémentaires :

Genre : Fantasy, Jeunesse
Editions : Mnémos (Naos)
Date de parution : 265
Nombre de pages : 2017

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