samedi 21 décembre 2019

Effroyable porcelaine | Vincent Tassy




Résumé : 

Sybille Delombre est une collégienne ordinaire. Enfin, si l'on considère qu'il est ordinaire de décorer sa chambre avec des ossements, des peluches chauves-souris, des schémas de dissection et des grimoires. Oui, Sybille aie bien l'étrange et le mystère. Ainsi, elle a de quoi se réjouir lorsque sa mère lui propose de l'accompagner pour débarrasser un vieux château. Mais tous les objets bizarres qu'elle rêvait d'y découvrir ne sont rien en comparaison de la splendide poupée en robe noire, aux cheveux argentés comme un clair de lune, qu'elle trouve dans une chambre et qu'elle s'approprie aussitôt, séduite par sa beauté vénéneuse. Et si les cauchemars qui se mettent alors à hanter les nuits de Sybille avaient un lien avec elle ? Et si cette poupée, aux yeux violets, au regard aussi triste que cruel, n'était pas inoffensive ? Quel terrible secret renferme l'effroyable porcelaine ?


Extrait : 

À pas de velours, une frêle silhouette traverse les couloirs du château.

Il fait sombre, si sombre. La lueur de sa chandelle ne peut rien contre les ténèbres.

Elle descend le grand escalier.

Si l’on tendait l’oreille, on pourrait presque entendre ses sanglots résonner faiblement dans le vestibule. Mais ce n’est qu’une ombre vague, qu’une forme voûtée que le silence avale. Une capuche dissimule son visage. Sa longue robe traîne derrière elle sur les marches de l’escalier.

Elle arrive devant l’immense porte et tend le bras pour actionner la poignée. C’est ouvert ; elle sort dans l’air froid.

Rien ne bouge dans le parc.

Il n’y a pas de vent, les arbres ne tremblent pas.

La silhouette marche parmi les anges de pierre qui fixent le vide avec tristesse. À peine plus vivante.

Elle quitte bientôt les petits sentiers qui serpentent entre les jardins et les fontaines, et dévie vers les bois qui bordent le domaine. Elle pénètre la masse obscure des arbres ; là où le clair de lune est trop pâle, trop faible pour traverser leurs branches touffues.

Longtemps, très longtemps, elle erre, dans cette forêt qui ne semble pas avoir de fin. Puis le bruit d’un cours d’eau naît dans le lointain. Elle s’en rapproche, de plus en plus, et bientôt, c’est un torrent qui gronde, comme une chorale enragée.

Elle s’agenouille sur la rive et regarde le flot sombre, où les étoiles se reflètent comme des diamants effrayés. Après quelques instants, elle sort de sous sa cape un objet qu’elle serrait jusqu’alors contre elle.

C’est une poupée.

Vêtue d’une robe noire, comme pour des funérailles.

La silhouette la prend à bout de bras et semble la dévisager pendant de longues minutes.

Peut-être lui parle-t-elle, mais le torrent recouvre ses paroles.

Elle baisse la tête un bref instant, pose la poupée sur une pierre, puis rentre un bras dans sa cape. On dirait qu’elle cherche quelque chose qui se serait perdu dans les lourdes étoffes qui l’enveloppent. Quand elle ressort sa main blanche, elle y tient un ruban de couleur sombre, dont la teinte est incertaine dans l’ombre de la nuit. Du violet, peut-être. Oui ; un furtif rayon de lune l’éclaire. C’est du violet.

D’un geste tremblant, la silhouette noue le ruban dans la chevelure de la poupée.

Peut-être lui parle-t-elle, mais le torrent recouvre ses paroles.

La silhouette se redresse. Elle lève un instant les yeux vers la lune, qu’elle ne peut pas voir à cause des arbres.

Puis, sans trembler, sans hésiter, elle se jette dans le courant. Le flot noir engouffre l’ombre noire.

Extrait du prologue


Mon avis : 

Un très sympathique roman jeunesse qui n'a pas manqué de me faire frisonner (moi ? froussarde ? je vois pas de quoi tu parles !). En même temps, une poupée maléfique, pardon, mais c'est pas le truc le plus rassurant que j'ai rencontré de ma vie ! Je pense qu'il est plutôt recommandé de le lire à partir d'une douzaine d'années, avant cela peut peut-être se révéler trop angoissant.

Les personnages sont très chouettes : Sybille est un peu... atypique... pour ne pas dire étrange mais elle est d'une gentillesse et d'un soutien sans faille envers son meilleur ami. Leur amitié est d'ailleurs très belle et poignante.

Le livre fait passé un très beau message caché sous tous ces mystères un peu flippants, mais je ne peux pas vous dire lequel, ça gâcherai la surprenante mais néanmoins superbe fin ! C'est un riman très court mais pour autant très riche que ce soit en rebondissements ou en émotions !

L'écriture est très agréable et poétique  et je pense retenter l'expérience Vincent Tassy avec un autre livre car les mérites de sa plume sont toujours très vantés !
L'auteur met très bien en place l'ambiance lugubre et flippante d'un vieux château hanté et, en tant que lecteur, on est transporté dans un tourbillon de mystères et de peur. 

C'était vraiment chouette et je ne m'attendais pas à tant frisonner, probablement à cause de la mention "jeunesse". Alors bien sûr, si vous êtes un adepte du genre horrifique, je doute que vous frissoniez autant que moi, mais pour les novices, c'est un belle porte d'entrée sur ce monde glaçant ! Bref une bien belle découverte pour moi !


Ma note :

17/20


Infos complémentaires :

Genre : Jeunesse, Fantastique
Editions : Editions du Chat Noir (Chatons Hantés)
Date de parution : 2017
Nombre de pages : 190

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