Le Glas | Neal Shusterman

Tome 3 de La Faucheuse

Résumé : 

Dans un monde qui a conquis la mort, l'humanité sera-t-elle anéantie par les êtres immortels auxquels elle a donné naissance ?

Le sinistre maître Goddard se prépare à prendre le pouvoir suprême sur la communauté des faucheurs. Seul celui qu'on nomme " le glas " pourrait faire basculer l'humanité du côté de la vie...

Extrait : 

C’est avec une extrême humilité que j’accepte le titre de Serpe Suprême de MidAmérique. Je souhaiterais que ce soit en des circonstances plus joyeuses. Le drame d’Endura demeurera pour toujours dans nos esprits. Les milliers de vies qui se sont éteintes en ce jour funeste resteront dans nos mémoires aussi longtemps que l’humanité possédera un cœur qui bat et des yeux pour pleurer. Les noms des défunts resteront à jamais sur nos lèvres.
C’est un honneur pour moi de songer que l’ultime décision des sept Grands Faucheurs fut de me reconnaître le droit d’accéder au grade de Serpe Suprême ; et puisque la seule autre candidate a péri dans la catastrophe, il me semble inutile de raviver des plaies encore vives en dépouillant les votes. Dame Curie et moi-même n’étions pas toujours d’accord, pourtant elle était l’une des meilleures d’entre nous et elle marquera l’histoire comme l’une des plus grandes faucheuses de tous les temps. Je déplore sa disparition autant, sinon plus, que quiconque.
Beaucoup d’hypothèses ont été émises sur l’identité du coupable de cette tragédie – car ce n’était pas un accident, mais bien un acte de malveillance minutieusement élaboré. Permettez-moi de mettre fin à toutes les rumeurs et spéculations qui circulent.
J’assume l’entière responsabilité de ce drame.
Car c’est mon ancien apprenti qui est l’auteur de cet acte impensable, c’est lui qui a saboté l’île : Rowan Damisch, plus connu sous le pseudonyme de « Maître Lucifer ». Si je ne l’avais pas formé – si je ne l’avais pas pris sous mon aile –, jamais il n’aurait pu accéder à Endura, et jamais il n’aurait eu les compétences nécessaires à la perpétration de ce crime abominable. Ainsi, la responsabilité m’incombe à moi et à moi seul. Mon unique consolation est qu’il a également péri lors du naufrage, et que ses actions impardonnables ont sombré avec lui.
Nous sommes aujourd’hui orphelins. Plus aucun Grand Faucheur pour guider nos pas, plus aucune autorité supérieure pour établir les règles de la Communauté. En conséquence, nous devons, tous ensemble, mettre de côté nos différends une bonne fois pour toutes. Le Nouvel Ordre et la Vieille Garde doivent unir leurs forces afin de soutenir les faucheurs, partout dans le monde.
À cette fin, j’ai décidé d’annuler officiellement le quota de glanage dans ma région, par respect pour les faucheurs qui éprouvent des difficultés à les réaliser. À compter de cet instant, les faucheurs midaméricains sont en droit de glaner aussi peu de gens qu’ils le jugent nécessaire, sans craindre de sanction. J’espère que d’autres Communautés suivront bientôt notre exemple, et aboliront à leur tour leur quota de glanage.
Bien entendu, pour compenser l’œuvre de ces faucheurs qui travailleront moins, le reste d’entre nous devra glaner davantage, afin de contrebalancer la tendance. Je compte néanmoins sur le fait qu’un équilibre naturel s’instaurera.

Extrait du discours d’investiture de Son Excellence,

la Serpe Suprême de MidAmérique, Robert Goddard,

19 avril, Année du Raptor

Extrait de la partie I : L'île perdue et la cité engloutie

Mon avis : 

Le point final d'une de mes sagas SF préféré ! Alors bien sûr, j'allais forcément aimé ce livre ! J'avais tellement hâte de retrouver les personnages et l'univers créé par Neal Shusterman et bien évidemment je n'ai pas été déçue. Ce dernier tome conclut à merveille la saga (mais on reviendra sur ce point un peu plus tard). 

Dans un premier temps, j'étais extrêmement heureuse de retrouver les personnages de cet univers et de découvrir ce qui allait se passer après cet énorme cliffhanger à la fin du deuxième tome. Et j'ai bien sûr adoré continuer à détester les personnages les plus exécrables (oh oui, il y'en a que je déteste très fortement mais sans eux, ça serait moins la fête, on va pas se mentir)! Les personnages sont toujours excellents et ne cessent d'évoluer au fil des tomes, c'est très plaisant, et les relations et les interactions entre les personnages sont toujours aussi bien travaillées que dans les deux premiers tomes.

En ce qui concerne l'action j'ai été un peu déstabilisée au début car la narration et la temporalité changeait souvent, j'étais donc un peu dans le flou. Mais au fur et à mesure du livre les différentes narrations prennent plus de sens et la temporalité s'aligne et là, ça déboite. Cette nouvelle forme de narration en étonnera sûrement plus d'un car ce n'était absolument pas cette forme qui était privilégiée dans les deux précédents. Malgré cela, c'est un roman qui se lit extrêmement vite malgré sa bonne taille. Toute la série se dévore d'ailleurs ! 

J'ai beaucoup aimé que Neal Shusterman ajoute dans son roman des petites critiques politiques : un personnage en particulier vous fera très très certainement penser au cher président orange des Etats-Unis, Trumpy Trump... Notamment par sa capacité à prendre des décisions absolument irréfléchies avec une petite mention à la construction d'un mur...
Bref, entre la montée d'une religion extrémiste et une politique très limite et franchement raciste, l'auteur nous offre des pistes de réflexions intéressantes sur des sujets d'actualité pour nous pousser à réfléchir à notre société.

Certains seront peut-être déçus de la fin. J'ai moi-même, sur le coup, été un peu surprise... mais après réflexion, je ne pense pas que l'auteur aurait pu conclure la saga de manière plus satisfaisante que celle-ci. Et elle est donc au final, la meilleure conclusion possible. J'étais bien évidemment triste de terminer cette saga qui compte parmi mes préférées mais je suis aussi ravie que l'auteur ait su s'arrêter à temps pour ne pas user jusqu'à la corde son univers et ses personnages. Je ne saurais vous recommander de vous plonger dans cette saga si vous ne l'avez jamais fait car, croyez-moi, elle en vaut vraiment la peine (c'est pas pour rien qu'autant de gens l'aime) !

Ma note :

18/20

Infos complémentaires :

Genre : Science-Fiction, Young-Adult

Editions : Robert Laffont (R)
Traduction : Cécile Ardilly
Date de parution : 2019

Nombre de pages : 709