dimanche 23 août 2020

Au revoir là-haut | Pierre Lemaitre


Tome 1 de L'entre-deux-guerres

Résumé : 

Rescapés du chaos de la Grande Guerre, Albert et Edouard comprennent rapidement que le pays ne veut plus d'eux. Malheur aux vainqueurs ! La France glorifie ses morts et oublie les survivants. Albert, employé modeste et timoré, a tout perdu. Edouard, artiste flamboyant mais brisé, est écrasé par son histoire familiale. Désarmés et abandonnés après le carnage, tous deux sont condamnés à l'exclusion. Refusant de céder à l'amertume ou au découragement, ils vont, ensemble, imaginer une arnaque d'une audace inouïe qui mettra le pays tout entier en effervescence. Bien au-delà de la vengeance et de la revanche de deux hommes détruits par une guerre vaine et barbare, Au revoir là-haut est l'histoire caustique et tragique d’un défi à la société, à l'État, à la famille, à la morale patriotique responsables de leur enfer.


Extrait : 

Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçut-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu’à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu’elles s’écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en avait vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande.
Il s’en rendait bien compte, son refus de croire à l’approche d’un armistice tenait surtout de la magie : plus on espère la paix, moins on donne de crédit aux nouvelles qui l’annoncent, manière de conjurer le mauvais sort. Sauf que, jour après jour, ces informations arrivèrent par vagues de plus en plus serrées et que, de partout, on se mit à répéter que la guerre allait vraiment prendre fin. On lut même des discours, c’était à peine croyable, sur la nécessité de démobiliser les soldats les plus vieux qui se traînaient sur le front depuis des années. Quand l’armistice devint enfin une perspective raisonnable, l’espoir d’en sortir vivant commença à tarauder les plus pessimistes. En conséquence de quoi, question offensive, plus personne ne fut très chaud. On disait que la 163e DI allait tenter de passer en force de l’autre côté de la Meuse. Quelques-uns parlaient encore d’en découdre avec l’ennemi, mais globalement, vu d’en bas, du côté d’Albert et de ses camarades, depuis la victoire des Alliés dans les Flandres, la libération de Lille, la déroute autrichienne et la capitulation des Turcs, on se sentait beaucoup moins frénétique que les officiers. La réussite de l’offensive italienne, les Anglais à Tournai, les Américains à Châtillon… on voyait qu’on tenait le bon bout. Le gros de l’unité se mit à jouer la montre et on discerna une ligne de partage très nette entre ceux qui, comme Albert, auraient volontiers attendu la fin de la guerre, assis là tranquillement avec le barda, à fumer et à écrire des lettres, et ceux qui grillaient de profiter des derniers jours pour s’étriper encore un peu avec les Boches.
Cette ligne de démarcation correspondait exactement à celle qui séparait les officiers de tous les autres hommes. Rien de nouveau, se disait Albert. Les chefs veulent gagner le plus de terrain possible, histoire de se présenter en position de force à la table des négociations. Pour un peu, ils vous soutiendraient que conquérir trente mètres peut réellement changer l’issue du conflit et que mourir aujourd’hui est encore plus utile que mourir la veille.
C’est à cette catégorie qu’appartenait le lieutenant d’Aulnay-Pradelle. Tout le monde, en parlant de lui, laissait tomber le prénom, la particule, le « Aulnay », le tiret et disait simplement « Pradelle », on savait que ça le foutait en pétard. On jouait sur du velours parce qu’il mettait un point d’honneur à ne jamais le montrer. Réflexe de classe. Albert ne l’aimait pas. Peut-être parce qu’il était beau. Un type grand, mince, élégant, avec beaucoup de cheveux ondulés d’un brun profond, un nez droit, des lèvres fines admirablement dessinées. Et des yeux d’un bleu foncé. Pour Albert, une vraie gueule d’empeigne. Avec ça, l’air toujours en colère. Un gars du genre impatient, qui n’avait pas de vitesse de croisière : il accélérait ou il freinait ; entre les deux, rien. Il avançait avec une épaule en avant comme s’il voulait pousser les meubles, il arrivait sur vous à toute vitesse et il s’asseyait brusquement, c’était son rythme ordinaire. C’était même curieux, ce mélange : avec son allure aristocratique, il semblait à la fois terriblement civilisé et foncièrement brutal. Un peu à l’image de cette guerre. C’est peut-être pour cela qu’il s’y trouvait aussi bien. Avec ça, une de ces carrures, l’aviron, sans doute, le tennis.

Extrait de Novembre 1918, chapitre 1


Mon avis : 

Ce roman sort vraiment du lot par rapport à ce que j'ai l'habitude de lire mais c'était vraiment très agréable à découvrir et cela me motive à me tourner plus vers les romans historiques. 

Ce qui m'a, sans aucun doute possible, le plus charmé c'est l'écriture et le maniement des mots de Pierre Lemaitre. J'y ai trouvé une vraie poésie et une richesse de vocabulaire mais surtout un amour des mots et de ce qu'ils peuvent produire. 

On fait face à deux anti-héros dont le développement au fil du roman est très intéressant. L'histoire aussi est assez étonnante car elle repose sur des quasi "loosers", des survivants de la guerre de 14 mais qui, une fois de retour, ont tout perdu. Edouard et Albert sont deux personnages très attachants, très humains et j'ai aimé suivre leur développement face aux malheurs qui jalonnent leur retour du front. J'ai follement détesté certains personnages secondaires qui sont d'une absolue monstruosité, tout en étant très bien écrits !

J'ai beaucoup aimé voir à l'oeuvre les rouages sociaux entre les différents personnages et leurs diverses interactions : les influences de pouvoir et les sentiments (amoureux, dépressifs ou violents) qui les animent. 

J'ai vraiment été surprise par la fin et aussi beaucoup touchée. Et je pense un jour lire la suite de cette saga sur l'entre-deux guerres, qui se focalise sur des personnages secondaires de ce premier tome.

En conclusion, l'histoire est très émouvante mais il y a toutefois quelques passages un peu long à mon goût... Mais cela reste agréable à lire et je suis très contente d'avoir découvert ce roman qui décrit avec succès le quotidien de deux anti-héros après la première guerre mondiale le tout avec une plume qui m'a totalement conquise.


Ma note :

15/20


Infos complémentaires :

Genre : Historique
Editions : Le Livre de Poche
Date de parution : 2015 (1ère publication : 2013)
Nombre de pages : 620

Albin | Paul Ivoire


Tome 1 de Poules, Renards, Vipères

Résumé : 

Dans un pays lointain, les poules, les renards et les vipères habitent côte à côte, chacun dans leur territoire. À la fois proies et prédateurs les uns des autres, ils vivent dans une paix fragile grâce au Pacte d’Aileforte. Mais lorsque la guerre menace, Albin découvre un terrible secret et l’équilibre du pays entier repose tout à coup sur ses ailes.


Extrait : 

La salle de classe de Mlle Kiglousse avait la forme d'un oeuf. L'école trônait au centre d'une clairière bordée de sous-bois. Sa structure, faite de branches entremêlées, de terre et de mousse, lui donnait l'aspect douillet d'un gros nid d'oiseau. L'édifice avait fière allure, mais il était maintenu au sol par des cordes pour éviter qu'il ne roule... Sa forme ovale permettait à la pluie de ruisseler en surface, mais les ouvertures latérales n'étaient pas totalement étanches. En cas d'orage violent, les cours étaient annulés.
A l'intérieur, les élèves étaient disposés comme à l'opéra : les plus dissipés occupaient le parterre, les plus sages se partageaient les balcons. L'institutrice n'avait pas besoin d'élever la voix pour se faire entendre. Ses bruyants caquètements étaient célèbres dans tout le village.
Perché sur le premier balcon, Albin somnolait. Il connaissait par coeur l'histoire de son pays que son père lui avait déjà racontée dans les moindres détails. Depuis des centaines d'années, le royaume des poules redoutait une invasion massive du peuple des renards. Les habitants subissaient régulièrement des attaques, et cette menace permanente les avait conduits à mettre en place un système de défense très perfectionné. Le roi des poules pouvait compter sur une armée redoutable, dont la orce reposait en grande partie sur de nombreuses escadrilles. Au fil de l'évolution, les coqs soldats avaient développé des ailes puissantes, qui leur permettaient de voler sur de longues distances, tout en transportant des callouix pour assommer leurs adversaires. Ils s'approvisionnaient en galets chez les vipères, un territoire dans lequel les renards n'osaient jamais s'aventurer.
— Hé, Albin, quand est-ce que tu vas t'engager dans l'armée ?
Albin se tourna vers Faubec, un camarade prétentieux qui le toisait d'un air narquois. Albin n'aimait pas la guerre. Son village occupait pourtant une position stratégique dans le système de défense du royaume, car il était le plus proche de la frontière qui séparait les poules des renards. Un jour ou l'autre, il lui faudrait s'engager. Et le plus tard serait le mieux.
— Qu'est-ce que ça peut te faire ? rétorqua-t-il en se concentrant de nouveau sur les propos de l'institutrice.
— J'ai du mal à t'imaginer en soldat, insista Faubec. Avec ta houppe sur la tête, tu ressembles à une poule naine. Regarde mes plumes, elles sont déjà en train de devenir noires, comme celles de mon père, alors que les tiennes sont encore toutes jaunes ! Pour devenir un combattant aérien, il faut survivre à l'épreuve du Triangle sans Nom. Mais tu auras à peine franchi la limite interdite que tu appelleras ta maman au secours !

Extrait du chapitre 1 : Un peu de géographie


Mon avis : 

Le premier tome de la saga Poules, Renards, Vipères est un très court roman, sympathique et divertissant. C'est une belle histoire sur l'amitié et sur le dépassement des préjugés que l'on peut avoir sur les "autres". C'est une manière détournée d'évoquer le racisme et peut permettre de discuter du sujet avec des enfants. 

Le roman se construit sur une épopée pour éviter une guerre entre les clans des poules, des renards et des vipères. C'est une bonne aventure et plutôt bien rythmée. L'histoire est fluide et plaira surement aux jeunes lecteurs (et point appréciable, autant aux garçons qu'aux filles).

Les trois personnages principaux sont très attachants et ont une force de caractère digne d'être soulignée. Ils n'ont pas peur de se battre pour ce qu'ils croient juste même si cela peut leur attirer des ennuis et les confronter durement aux adultes. 

Le livre est parsemé d'illustrations, très chouette qui retrace les aventures. Elles sont une véritable plus-valu et enrichissent vraiment le texte. 

Ce premier tome pourra peut-être paraître un peu long au démarrage pour les plus jeunes, car l'auteur prend vraiment le temps de mettre en place son univers et d'installer son intrigue. Néanmoins l'histoire en vaut vraiment la peine et j'ai bien envie de découvrir la suite des aventures de nos trois comparses. 


Ma note :

15/20


Infos complémentaires :

Genre : Aventure, Jeunesse
Editions : Poulpe Fiction
Date de parution : 2017
Nombre de pages : 168

Glass Sword | Victoria Aveyard


Tome 2 de Red Queen

ATTENTION LE BILLET CONTIENT DES SPOILERS !

Résumé : 

Mare Barrow a le sang rouge.
Elle possède le pouvoir extraordinaire de contrôler la foudre et l'électricité.
Pour la famille royale, elle est une anomalie.
Traquée par Maven, le prince qui l'a trahie, elle fuit la cour et découvre des alliés qui, comme elle, cachent l'étendue de leur pouvoir.
A la tête de cette armée couleur sang et argent, Mare se sait capable de renverser ceux qui oppriment les Rouges depuis toujours.


Extrait : 

Le bout de tissu qu'elle me tend est propre, mais il a gardé l'odeur du sang. Je ne flanche pas. Mes vêtements en sont déjà couverts. Le rouge m'appartient, bien sûr. L'argent est celui de nombreux autres. Evangeline, Ptolemus, Lord Osanos le nymphus, tous ceux qui ont essayé de me tuer dans l'arène. Il y a sans doute celui de Cal, aussi. Il en a versé quantité dans le sable, blessé et meurtri par ceux qui voulaient être nos bourreaux. A présent il est assis en face de moi, les yeux rivés sur ses pieds, et attend que le long processus de guérison naturelle agisse. J'observe à la dérobée l'une des nombreuses plaies sur mes bras, sans doute l'oeuvre d'Evangeline. Encore à vif et assez profonde pour me laisser une cicatrice. Une part de moi se réjouit à cette pensée. Cette entaille irrégulière ne disparaîtra pas, comme par magie, sous les mains froides d'un guérisseur. Cal et moi ne sommes plus dans le monde des Argents, où l'on peut effacer les balafres bien méritées. Nous nous sommes enfuis. En tout cas moi. Les menottes de Cal sont un rappel constant de sa captivité.
Farley me pousse la main avec une douceur surprenante.
— Cache ton visage, la faiseuse d'éclairs. C'est ce qui les intéresse.
Pour une fois, j'obéis. Les autres m'imitent, dissimulant leur nez et leur bouche sous un foulard rouge. Cal est le seul encore exposé, et il ne le reste pas longtemps. Il ne résiste pas lorsque Farley le masque, le transformant en l'un des nôtres.
Si seulement il l'était réellement...
Un bourdonnement électrique embrase mon sang, rappelant à mon souvenir le pouls du Sous-Train et ses crissements. Il nous entraîne inexorablement vers cette ville qui était autrefois un havre. Le train gémit sur les vieux rails, filant aussi vite qu'un fulgurant argent dans une clairière. Je me concentre sur les discordances métalliques, les ressens au plus profond de mes os où une douleur glaciale s'établit. La rage, la puissance que j'ai connues dans l'arène ne me semblent plus que des souvenirs lointains, qui ont cédé la place à la souffrance et à la peur. Je peine à me figurer les pensées de Cal. Il a tout perdu, tout ce qu'il a toujours chéri. Un père, un frère, un royaume. Comment fait-il pour ne pas s'effondrer, pour rester immobile, à l'exception du bercement du train ? Je l'ignore.
Personne n'a besoin de m'expliquer pourquoi nous sommes pressés. La présence de Farley et des hommes qui l'accompagnent, aussi tendus que des ressorts, parle d'elle-même. Nous sommes toujours en fuite.
Maven connaît cette voie souterraine et il l'empruntera à nouveau. Porté, cette fois, par la fureur de ses soldats et de sa mère, par son tout nouveau trône. Hier il était prince, aujourd'hui roi. Je le croyais mon ami, mon promis, et j'ai ouvert les yeux. J'ai appris à le haïr, à le redouter. Il a pris part à l'assassinat de son père pour récupérer la couronne et fait accuser son frère à la place. Il sait que les prétendues radiations de la Cité des Ruines sont un mensonge, une ruse, et il sait où ces rails conduisent. Le sanctuaire que Farley a établi n'est plus un lieu sûr pour nous. Pour toi. Si ça se trouve, nous fonçons déjà dans un piège.

Extrait du chapitre 1


Mon avis : 

Ayant mis un demi siècle à écrire cette chronique, mon avis sur ce second tome est devenu assez flou... J'ai, en plus de ne pas me souvenir de mon ressenti général, oublié la bonne majorité de ce qui se passe dans ce roman... Mais d'un certain point de vue, ça peut donner une idée du livre : c'est très sympa mais à priori c'est loin d'être inoubliable...

Dans mes souvenirs, ce livre souffre du syndrome du second tome, ce tome qui sert de transition entre la grosse action du premier et la future grosse action du tome trois. L'intrigue de ce tome-ci prend pas mal de temps à s'installer et une fois dans l'action je trouve que cette dernière était un peu répétitive... En effet, le schéma de la quête de nouveaux rouges/argents est toujours le même : nouvelle ville, nouveaux personnages, nouveaux "problèmes". Ce côté-ci m'a donc paru un peu longuet.

Par contre j'ai bien aimé découvrir la garde écarlate, son commandement et les intrigues politiques qui s'y jouent, mais on va pas se mentir, je crois que j'ai un petit faible pour ce genre de tropes.

J'ai beaucoup plus été portée par les personnages secondaires que par Mare qui, en comparaison, m'a un peu laissée de marbre. On en apprend d'ailleurs bien plus sur les personnages secondaires et j'ai beaucoup aimé le développement de chacun, ils prennent plus d'importance et de nuances, c'est très appréciable. Au contraire, j'ai l'impression que Mare était fade. Je veux bien croire que l'autrice essayait de montrer la douleur et la détresse psychique de son personnage mais ça manquait quand même un peu de relief à mon goût.

Malgré tout, l'autrice réussit à nous faire passer pas mal d'émotions : surprise, tristesse, joie, choc, panique... (merci aux personnages secondaires parce que sinon ... nada!) et c'était donc plutôt agréable à lire et très immersif malgré les quelques longueurs. 

Un point cependant qui m'a énervé, mais qui n'a rien à voir avec l'histoire en elle, c'est le nombre bien trop conséquent de coquilles, de fautes de frappes et de non-sens présents dans le texte... et encore, personnellement j'ai l'édition poche ! Je n'ose imaginer mon dégoût si j'avais investi dans le grand format et que je me retrouvais avec un travail éditorial comme celui-ci... Ça a malheureusement altéré mon plaisir de lecture et c'est bien dommage !


Ma note :

16/20


Infos complémentaires :

Genre : Fantasy, Adolescent
Editions : Le livre de poche (Jeunesse)
Traduction : Alice Delabre
Date de parution : 2017
Nombre de pages : 472

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres | Emil Ferris

 Tome 1 de Moi, ce que j'aime, c'est les monstres


Résumé : 

Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans, adore les fantômes, les vampires et autres morts-vivants. Elle s’imagine même être un loup-garou: plus facile, ici, d’être un monstre que d’être une femme. Le jour de la Saint-Valentin, sa voisine, la belle Anka Silverberg, se suicide d’une balle dans le cœur. Mais Karen n’y croit pas et décide d’élucider ce mystère. Elle va vite découvrir qu’entre le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s'embraser et les secrets tapis dans l’ombre de son quotidien, les monstres, bons ou mauvais, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants. Journal intime d’une artiste prodige, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est un kaléidoscope brillant d’énergie et d’émotions, l’histoire magnifiquement contée d’une fascinante enfant. Dans cette œuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, Emil Ferris tisse un lien infiniment personnel entre un expressionnisme féroce, les hachures d’un Crumb et l’univers de Maurice Sendak.


Extrait : 

Pour voir quelques extraits, je vous invite à aller fouiner sur la page amazon du livre (ou sur google images) car blogger massacre la qualité et c'est illisible et, vraiment, ça ne rend pas justice à l'oeuvre !


Mon avis : 

Tout d'abord, juste d'un point de vue esthétique : les dessins sont d'un beauté, d'une technicité et d'une précision incroyable ! J'ai vraiment été scotchée à chaque page par tous les dessins ! Bluffant ! Par contre, je ne suis pas sûre qu'ils plaisent à tout le monde car ils sont tout de même un peu particulier et flirte avec le gore des magazines des années 60/70.

Mais ce roman graphique n'est pas simplement beau, il aussi captivant grâce à une intrigue riche et puissante entre enquête policière et plongée dans les secrets de famille. L'autrice aborde des thèmes forts comme le racisme, le deuil, l'homosexualité ou encore la prostitution, en filigrane de l'enquête et à travers les yeux d'une enfant, ce qui rend le tout encore plus intéressant. 

La fin donne extrêmement envie de connaître la suite de l'histoire et de continuer à découvrir tous les secrets qui entourent la famille de Karen. 

Je pense que c'est un livre à savourer, pour lequel il faut réellement prendre le temps et malheureusement pour moi, j'ai dû le lire très rapidement pour les cours afin de le passer à un camarade et cela a réellement altéré mon plaisir de lecture (car c'est quand même une belle briquette pour du graphique).

J'ai cependant eu la chance de rencontrer Jean-Charles Khalifa, le traducteur de ce roman graphique et cela a été très enrichissant ! On ne s'en rend pas compte mais cette oeuvre est un véritable challenge de traduction de par son style (sans compter son format qui est, par définition, déjà exigeant).

En bref, un très bon roman graphique avec une intrigue puissante et divertissante parsemée de zones d'ombres qu'on espère découvrir dans le second tome !


Ma note :

17/20


Infos complémentaires :

Genre : Roman graphique 
Editions : Monsieur Toussaint Louverture
Traduction : Jean-Charles Khalifa
Date de parution : 2018
Nombre de pages : 416