Résumé :
Ma fille était belle, ma fille était intelligente, ma fille était drôle…
Mais elle a rencontré Monseigneur. Il a des bottines qui brillent et des oreilles pointues comme Belzébuth. Il lui a fait rencontrer Jésus. Depuis, ma fille n’est plus la même.
Elle veut être sainte.
Rose comme un bonbon, bleue comme le ciel.
Extrait :
Je suis retourné à l’endroit où je l’avais laissée, elle n’y était plus.
J’ai cherché partout.
J’ai fouillé les forêts, j’ai sondé les lacs, j’ai passé le sable au tamis, j’ai cardé les nuages, j’ai filtré la mer…
Je l’ai retrouvée.
Elle a bien changé.
Je l’ai à peine reconnue.
Elle est grave, elle est sérieuse, elle dit des mots qu’elle ne disait pas avant, elle parle comme un livre.
Je me demande si c’est vraiment elle.
Tu étais charmante et drôle.
Elle est devenue une dame grise, sérieuse comme un pape.
Elle est sévère, elle plaisante moins, elle est dogmatique, autoritaire, elle aime bien faire la morale aux autres.
Les autres, ceux qui ont toujours tort.
Tu t’habillais fort joliment de couleurs vives, tu n’avais pas peur d’être excentrique, même parfois extravagante, tu dénichais aux puces, pour une misère, des fringues étonnantes.
Elle ne se maquille plus. Elle est toujours belle, elle ressemble à un officier de l’Armée du Salut.
Maintenant, elle porte du classique, des vêtements sombres, couleur muraille.
Le loden avant la bure ?
Tu te souviens ?
Un jour, tu m’as demandé ce que je penserais si tu étais religieuse.
C’était il y a plus de dix ans, on venait d’emménager dans notre maison de Paris. Je t’ai répondu tout de suite que je serais flatté. J’ai même ajouté : « Dieu est très fair play avec moi. Après tout ce que j’ai écrit sur lui, il me donne une fille religieuse. Il n’est pas rancunier. »
J’ai cru que tu allais rentrer dans les ordres, chez les carmélites ou les dominicaines.
Tu aurais fait une belle religieuse.
J’ai imaginé la scène de prise d’habit. Les fleurs blanches partout, les lys à l’odeur entêtante, les grandes orgues triomphales. Toi, rayonnante comme tu l’étais avant, d’abord en robe de mariée, puis en robe de religieuse, allongée sur le sol en signe de soumission devant Dieu.
Puis ton visage radieux, tes parents en dimanche et en larmes, conscients d’offrir à Dieu le plus beau des cadeaux. De lui donner ce qu’on a fait de mieux, notre chef-d’œuvre.
Qu’est-ce que tu pensais, à l’époque ? Pensais-tu sérieusement être religieuse, ou tu tâtais le terrain ?
Tu sais bien que je ne suis pas anticlérical, ni agnostique, ni athée. Peut-être panthéiste, tendance iconoclaste.
Je n’aime pas qu’on se moque des curés, je préfère le faire moi-même.
Je l’ai entendue, après, dire du mal de l’Église catholique actuelle, des couvents, des prêtres, des moines, des fidèles. J’avais de la peine à penser qu’elle pouvait entrer dans cette Église-là.
Elle est entrée en religion, mais laquelle ?
Elle est devenue une dame grise, sérieuse comme un pape.
Elle est sévère, elle plaisante moins, elle est dogmatique, autoritaire, elle aime bien faire la morale aux autres.
Les autres, ceux qui ont toujours tort.
Tu t’habillais fort joliment de couleurs vives, tu n’avais pas peur d’être excentrique, même parfois extravagante, tu dénichais aux puces, pour une misère, des fringues étonnantes.
Elle ne se maquille plus. Elle est toujours belle, elle ressemble à un officier de l’Armée du Salut.
Maintenant, elle porte du classique, des vêtements sombres, couleur muraille.
Le loden avant la bure ?
Tu te souviens ?
Un jour, tu m’as demandé ce que je penserais si tu étais religieuse.
C’était il y a plus de dix ans, on venait d’emménager dans notre maison de Paris. Je t’ai répondu tout de suite que je serais flatté. J’ai même ajouté : « Dieu est très fair play avec moi. Après tout ce que j’ai écrit sur lui, il me donne une fille religieuse. Il n’est pas rancunier. »
J’ai cru que tu allais rentrer dans les ordres, chez les carmélites ou les dominicaines.
Tu aurais fait une belle religieuse.
J’ai imaginé la scène de prise d’habit. Les fleurs blanches partout, les lys à l’odeur entêtante, les grandes orgues triomphales. Toi, rayonnante comme tu l’étais avant, d’abord en robe de mariée, puis en robe de religieuse, allongée sur le sol en signe de soumission devant Dieu.
Puis ton visage radieux, tes parents en dimanche et en larmes, conscients d’offrir à Dieu le plus beau des cadeaux. De lui donner ce qu’on a fait de mieux, notre chef-d’œuvre.
Qu’est-ce que tu pensais, à l’époque ? Pensais-tu sérieusement être religieuse, ou tu tâtais le terrain ?
Tu sais bien que je ne suis pas anticlérical, ni agnostique, ni athée. Peut-être panthéiste, tendance iconoclaste.
Je n’aime pas qu’on se moque des curés, je préfère le faire moi-même.
Je l’ai entendue, après, dire du mal de l’Église catholique actuelle, des couvents, des prêtres, des moines, des fidèles. J’avais de la peine à penser qu’elle pouvait entrer dans cette Église-là.
Elle est entrée en religion, mais laquelle ?
Extrait des premières pages du roman
Mon avis :
Si vous avez déjà lu un livre de Jean-Louis Fournier et que vous avez aimé, il y a de très, très forte chance pour que vous aimiez aussi ce roman-ci.
Comme à chaque fois, Jean-Louis Fournier m'emporte dans sa vie grâce à sa plume vive, authentique, honnête et sarcastique. C'est pour moi un point très fort de ses romans.
L'auteur évoque toujours des événements de sa vie et dans ce roman-ci, il nous parle de sa fille, de sa relation avec elle et des changements qui se sont opérés lorsqu'elle a décidé de consacré sa vie à l'église.
Grâce à ce côté autobiographie, l'oeuvre est très poignante, touchante et percutante. J'aime le contraste entre la richesse des émotions que l'auteur nous transmet et le sarcasme qu'il insuffle à toutes ses pensées et réflexions. Son sarcasme frôle parfois la limite du politiquement correct.
Ce roman-ci, comme les autres d'ailleurs, est très court et se lit donc extrêmement vite. C'en est presque frustrant tellement l'histoire et la plume sont plaisantes.
Bien entendu, je ne suis pas des plus impartiales concernant la qualité de ce roman car Jean-Louis Fournier est l'un de mes auteurs favoris. Malgré tout, même si ce roman est très réussi, je ne pense pas que ce soit le meilleur pour commencer sa découverte de l'auteur. Je vous invite plutôt à découvrir Veuf ou Où on va papa ? en premier.
Ma note :
17/20
Infos complémentaires :
Genre : Contemporain, Autobiographique
Editions : Stock
Date de parution : 2013
Date de parution : 2013
Nombre de pages : 146
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire